G.T. L'ART DE BLAMER


SYNTHESE

 

 

 

1)      Définition : Blâmer : critiquer; dénoncer.

L'art de blâmer est une des branches de la rhétorique.

La rhétorique est l'art de bien parler. Les grecs des V° et IV° siècles avant Jésus-Christ (orateurs comme Isocrate, Lysias, Démosthène, ou philosophes comme Aristote) qui ont codifié l'art de la rhétorique partageaient celle-ci en trois genres de discours :

-         le discours judiciaire qui consiste à défendre une cause devant un tribunal ou à prononcer un réquisitoire.

-         le discours délibératif qui traite de questions politiques dans le but de préparer le vote d'une assemblée.

-         le discours épidictique (ou démonstration) qui consiste à faire l'éloge ou à blâmer.

Le blâme est un discours destiné à dévaloriser, disqualifier un adversaire, critiquer des institutions ou des aspects de la société. Il est la forme d'expression privilégiée de l’indignation morale, de la dénonciation politique ou idéologique.

 

2)      Au nom d’un système de valeurs :

Dans le discours de blâme, l’argumentation est menée au nom d’un système de valeurs qui varie selon les énonciateurs, selon l’époque. La tradition du discours moral et de l'éloquence politique s'est développée tout au long de l'histoire jusqu'à nos jours. Elle est présente à toutes les époques dans la littérature :

- chez les « moralistes » du XVII° siècle, comme La Bruyère, Pascal, La Rochefoucauld qui argumentent souvent à partir de valeurs chrétiennes.

- chez les « philosophes » du XVIII° siècle comme Voltaire, engagés dans la lutte contre l'intolérance au nom de la Raison, des Lumières.

- chez des écrivains du XIX° comme Lamartine, Hugo, Zola, qui ont participé aux luttes politiques et sociales de leur temps au nom des Droits de l’Homme et du Progrés.

- chez les « intellectuels engagés » du XX° siècle comme Jean-Paul Sartre, Albert Camus.

 

Les textes de notre GT sont significatifs des cibles pouvant être visées par ce type de discours, et du système de valeurs au nom duquel l’écrivain s’indigne et s’érige en censeur de la société de son temps :

 

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3) Blâme et genres littéraires :

Le blâme peut être repéré dans les genres littéraires les plus divers : traités, essais, manifestes, préfaces, sermon, discours politique, discours philosophique, articles de presse (éditoriaux, articles d'opinion), qui sont des genres argumentatifs par nature, ou dans des genres non spécifiquement argumentatifs comme la lettre, l'article de dictionnaire, la poésie, le roman, le théâtre, le journal intime, etc…

Mais le blâme est particulièrement présent dans des genres spécialisés dans le combat littéraire comme le pamphlet, la satire :

            Le pamphlet est un écrit polémique de circonstance et bref (quasi-synonymes : un brûlot, un libelle).

            La satire est traditionnellement un discours satirique en vers. Mais ce terme a pris aujourd'hui un sens plus large. On dira que tel roman, pièce de théâtre ou film, font la satire d'un milieu social, d'une profession, d'un type psychologique...

            Le réquisitoire est dans sa définition première un discours d'accusation devant un tribunal, mais on retrouve la forme du réquisitoire dans certains textes littéraires.

 

Plusieurs genres littéraires sont représentés dans notre GT :

 

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4)      Le jeu des registres :

L'art du discours, pour parvenir à persuader l'auditoire visé, recherche des effets affectifs qu'on désigne sous le nom de registres ou tonalités.

La tonalité pathétique cherche à émouvoir d'une émotion intense (douleur, pitié, horreur, terreur, tristesse). Le blâme recourt fréquemment au pathétique pour faire partager au lecteur la souffrance des victimes et l'indignation de l'énonciateur devant l'injustice.

            La tonalité polémique cherche à influencer par la violence du propos. "Polémique" : (nom féminin ou adjectif) apparaît en 1578 chez Agrippa d'Aubigné (poète français, auteur des "Tragiques"). Emprunté au grec. Signifie : relatif à la guerre. On désigne par ce mot tout discours argumentatif visant à combattre la partie adverse sur un ton agressif, pressant (par opposition à une argumentation froide, mesurée). Cependant, le polémiste attaque la thèse de l'adversaire sans négliger l'argumentation logique. Il installe un débat d'idées sur un thème généralement lié aux querelles du temps : controverses religieuses, morales, politiques, littéraires, etc...

            La tonalité satirique accorde une place prépondérante à la moquerie méprisante, à l'impertinence : l'argumentation logique y tient une place secondaire ou inexistante. Dans la satire, la pensée de l'adversaire n'est guère prise en considération que pour en montrer l'inconsistance ou l'absurdité. Aussi le discours satirique incline-t-il souvent à raconter ou à décrire (texte narratif/descriptif) plus qu'à raisonner (texte argumentatif proprement dit).

            Le ton de l'invective remplace le raisonnement par l'injure pure et simple. Un texte maniant l'invective est parfois appelé une "diatribe".

 

Ces différents registres sont présents dans les textes de notre GT :

 

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5) Les procédés rhétoriques de l'art de blâmer :  

 

            a) modes de raisonnement (tous les modes de raisonnement répertoriés se retrouvent dans le blâme mais certains d'entre eux avec plus d'insistance) :

-         le dialogisme (il s'agit de tous les procédés permettant de mettre en dialogue les différentes thèses qui se combattent, ou d'impliquer le lecteur) : formes diverses de la citation, du discours indirect, résumés généralement déformés de la pensée adverse, interrogation oratoire, objection anticipée, etc...)

-         la concession.

-         la réfutation : remise en cause des principes idéologiques ou de la cohérence logique de l'adversaire, procédés de disqualification de l'adversaire...

 

            b) figures de style :

-         les procédés lexicaux de l'agression (tonalité polémique proprement dite) : connotations dévalorisantes dans le choix du lexique, des comparaisons et métaphores, des calembours ....

-         les procédés emphatiques (tonalité oratoire) : lexicaux (l'hyperbole) ou syntaxiques (anaphore, accumulation, gradation, parallèlisme...

-         les procédés ironiques (tonalité ironique) : il s'agit de tous les procédés visant à laisser entendre ce que l'on pense en feignant de dire le contraire (le sous-entendu, l'antiphrase, la fausse logique dans l'exposition de la thèse adverse, la prétérition, l'euphémisme, la périphrase, etc...).

 

On peut trouver de nombreux exemples de ces procédés dans notre GT :

 

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