CANDIDE, CHAPITRE VI
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ELEMENTS DE LECTURE ANALYTIQUE
I - LE RECIT ELOGIEUX D'UNE CEREMONIE BARBARE
Idée principale de l'axe : Le faux éloge est un procédé classique de l'ironie. Ici l'ironie consiste dans le décalage constant entre la réalité atroce de ce qui se passe (et qui est évoqué par un vocabulaire implicitement dévalorisant) et un discours visant apparemment à justifier, embellir, atténuer cette barbarie (vocabulaire valorisant représentant le point de vue des inquisiteurs et du peuple naïf qui les suit).
1) La réalité atroce de l'épisode raconté
- une décision à l'efficacité douteuse
- un supplice par le feu
- des arrestations
- l'emprisonnement de Candide et de Pangloss
- la flagellation de C, la pendaison de P.
- Un nouveau tremblement de terre indiqué par la dernière phrase.
2) Le discours destiné à masquer cette réalité
- l'accent mis sur la sagesse des juges
- l'accent mis sur la beauté du spectacle
- l'accent mis sur le bon ordonnancement de la cérémonie
- les euphémismes
Conclusion-Transition : la contradiction entre ce discours laudateur et l'atrocité de la réalité indique au lecteur le caractère ironique du texte et l'incite à deviner, sous l'apparence humoristique du texte la présence d'un discours accusateur visant l'inquisition.
II - LA CRITIQUE DE L'INQUISITION
1) Une
critique de la superstition
Une
superstition est une fausse-croyance, un terme péjoratif désignant les
croyances naïves dans le domaine religieux ou scientifique. Voltaire critique
d'abord la croyance selon laquelle la punition d'un certain nombre d'hérétiques
pourrait empêcher la terre de trembler. A quels indices cette critique est elle
perceptible ?
a)
Il le suggère dès la première phrase : « Les sages du pays n'avaient pas
trouvé un moyen plus efficace ... que de donner au peuple... »
La
phrase utilise une tournure d'atténuation classique (la litote) pour signifier
que le moyen trouvé n'est pas efficace. Voltaire exprime son point de vue à
mots à peine couverts.
b)
A la fin du 1°§ du texte, on trouve la phrase : « le spectacle de quelques
personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie est un secret
infaillible pour empêcher la terre de tremble ». Ici, on observe certains procédés
bien connus de l'ironie qui consistent à prêter à l'adversaire qu'on veut
ridiculiser (ici, les « sages ») une formulation excessive : « secret
infaillible » ; ou une argumentation illogique, absurde : cf
l'opposition entre la modestie dérisoire du moyen (soulignée par l'adjectif
indéfini, et le côté recette de cuisine du complément) « brûler quelques
personnes à petit feu » et la difficulté de l'objectif à atteindre : « empêcher
la terre de brûler ».
c)
Autre indice : la dernière phrase du texte qui renvoie à la première
en une sorte d'effet de bouclage : la physique se charge d'apporter un démenti
à la superstition des sages. Noter aussi l'espèce d'ellipse narrative (« le même
jour... ») qui précède cette phrase et qui la met en relief Et l'hyperbole
finale qui suggère la violence du camoufflé (avec un fracas épouvantable)
d)
Autre forme de critique de la naïveté : l'assimilation du cérémonial de l'exécution
à une fête primitive : dessins naïfs, d'autant plus naïfs que la
signification ne nous en est pas donnée, allure de magie noire tout ce qu'il y
a de plus païen. La vrai foi ne joue pas un grand rôle dans tout cela, par
contre la croyance dans le diable...
e)
Enfin, la démagogie s'ajoute à la superstition dans l'expression « donner au peuple un bel autodafé » les latins disaient « dare munus populo ». Il
s'agit d'endormir le peuple avec des jeux. Ici, le rassurer avec des
superstitions d'un autre âge. L'utîlisation de l'expression « donner au
peuple » suffit à suggérer qu'il ne s'agit pas au fond de superstition de la
part des « sages » mais plutôt de démagogie visant à s'assurer la
tranquillité du peuple en faisant fonds sur sa naïveté , en entretenant ses
superstitions.
2) Dénonciation de l’intolérance et
l’arbitraire
Intolérance : attitude hostile à l’égard de ceux dont on ne partage pas les croyances, rejet des personnes différentes.
Arbitraire : adjectif : qui dépend du seul bon plaisir d’une personne en position d’autorité (une mesure arbitraire)
Nom : autorité despotique (l’arbitraire royal)
a) Le choix des coupables :
· Des hérétiques
· Des étrangers
La démagogie de l’inquisition tente de s’appuyer sur le rejet de l’autre.
b) Les motifs de leur arrestation :
C’est pour rendre plus absurde encore le prétexte trouvé pour désigner les victimes. Ainsi, il semble que P et C ont été arrêtés pour le seul fait d’avoir
Ainsi, il parvient à souligner le caractère purement arbitraire de l’arrestation.
Il était décidé : s’agissant d’une mesure a priori fort discutable … le verbe décidé souligne le caractère autoritaire et aléatoire de la décision
On avait saisi en conséquence… : les gens ont été arrêtés parce que les sages l’ont décidé.
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QUELQUES EXEMPLES DE QUESTIONS POUR L'ORAL DU BAC
A quoi reconnaît-on dans ce texte l'esprit constestataire des Lumières?
Quelles ressemblances et quelles différences pouvez-vous établir entre ce passage et les vingt premiers vers du Poème sur le désastre de Lisbonne?