AVEZ-VOUS LU CANDIDE ?

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QUESTIONS - REPONSES

 

Citez deux épisodes des aventures de Mademoiselle Cunégonde racontés dans les chapitres 7 à 10. Quelles critiques à la société de son temps Voltaire exprime-t-il à travers eux ? Qu’est-ce qui fait de cette partie du récit une parodie du roman sentimental ?

       Lors de la guerre entre les abares et les bulgares, Cunégonde est d’abord violée et éventrée par des soldats, puis sauvée par un officier qui à son tour abuse d’elle et la traite en esclave (1 point). Elle est ensuite vendue à un banquier juif qui en fait sa maîtresse et la partage avec le Grand Inquisiteur (1 point). Voltaire dénonce à travers ces épisodes les violences faites aux femmes, considérées comme des objets sexuels (0,5). On notera aussi la charge contre l’hypocrisie des religions, à travers les personnes du juif et de l’inquisiteur : leur grande piété (et pour le prêtre son vœu de chasteté) ne les empêche pas de s’adonner à la prostitution (0,5). Tout le passage enfin constitue une parodie du roman sentimental. Comme dans les romans à l’eau de rose, on trouve une succession de scènes susceptibles d’être touchantes : meurtres, résurrections, séparations, retrouvailles, larmes, fuites nocturnes, évanouissements, etc… Mais, ici, l’accumulation invraisemblable de tant d’événements extraordinaires en quelques pages à peine, l’exagération (par exemple le double évanouissement simultané de Candide et Cunégonde, le double meurtre coup sur coup du juif et de l’inquisiteur) et divers effets de décalage (termes crus, situations ridicules, remarques prosaïques, enchaînements grotesques) créent une tonalité parodique destinée à amuser le lecteur.

 

Où et dans quelles circonstances Candide retrouve-t-il le jeune baron, frère de Cunégonde, au chapitre 27 ? Comment sont décrits la vie et le caractère de ce personnage ? Quelles cibles vise Voltaire à travers cette description ?

          Ayant fui Lisbonne en s’engageant dans les troupes recrutées par le roi du Portugal pour combattre les missions Jésuites, Candide arrive en Amérique. Mais se voyant toujours poursuivi par la justice portugaise, il décide de s’engager dans le camp ennemi(chap.14 et 15). C’est là qu’il retrouve le frère de Cunégonde, devenu soldat de Jésus et même commandant, parce qu’il était « joli ». Après d’émouvantes embrassades, Candide a le malheur d’avouer son intention d’épouser Cunégonde. Le baron, indigné, refuse cette mésalliance. Une dispute s’ensuit au cours de laquelle Candide le tue.

          Dans cet épisode , Voltaire nous décrit le jésuite-baron en militaire autoritaire, armé jusqu’aux dents ; rubicond et bien-portant ; richement logé ; somptueusement nourri ; servi par des esclaves indiens et noirs. A travers ce personnage, l’auteur poursuit avec le fils la satire de la noblesse commencée avec le père. Mais le passage a surtout été conçu par Voltaire pour exposer ses critiques à l’encontre de la colonisation jésuite au Paraguay : il présente une image extrêmement négative des prêtres-soldats auxquels il est implicitement reproché leur lucre, leur militarisme, leur esclavagisme et leur homosexualité.

           On apprendra un peu plus tard que le baron a été mal tué, qu’il a été arrêté par les turcs pour homosexualité et qu’il est toujours aussi buté sur ses préjugés aristocratiques. C’est pourquoi, au chapitre 30, Candide l’exclut du « jardin » et s’en débarrasse en le faisant rapatrier au Vatican par le patron de la galère levantine où il était précédemment esclave.

 

Au milieu de détails  irréels et fantaisistes dignes d’un conte de fées, Voltaire laisse entrevoir dans le chapitre 18 (L’Eldorado) des idées tout à fait sérieuses sur la religion, la politique et l’économie. Quelles sont ces idées ?

Voltaire décrit l’Eldorado comme un pays de conte de fées : animaux fabuleux, abondance naturelle, hospitalité parfaite, armée d’opérette, longévité merveilleuse, omniprésence de la musique, etc… . Mais, conformément au principe de l’Utopie, cette fantaisie est destinée à enrober un discours plus sérieux, suggérant les grandes lignes d’une organisation sociale conforme aux idées nouvelles du 18° siècle.  Une religion différente : sans prêtres ni églises, et donc un Dieu unique, puisqu’il n’y a pas de théologiens pour se le disputer. Bref, le « déisme » cher à Voltaire ou le Culte de l’Etre Suprême, tel que l’institueront les révolutionnaires de 1789. Une autre conception de l’Etat : un pouvoir plein de bienveillance pour ses sujets, monarque aimable et familier qui n’exige pas qu’on s’aplatisse devant lui (on embrasse le prince sur la joue), absence de tribunaux et de prisons : un genre de monarchie démocratique, ce qu’on appelait au 18° siècle le « despostisme éclairé ». Une économie fondée sur le travail : Eldorado est une société qui encourage les activités utiles, la science (Candide y découvre un Palais des Sciences tout rempli d’instruments de mathématique et de physique), le commerce (les hôtelleries sont payées par l’Etat pour favoriser la circulation des marchands). Par contre, les valeurs de rente (l’or et l’argent) n’ont aucun prix.

 

Qu’apprenons-nous aux chapitres 19-20 sur la vie et la mort de Mr Venderdendur ? Expliquez le symbolisme du nom. Que critique Voltaire à travers ce personnage ?

        C’est un capitaine de vaisseau hollandais, quelque peu pirate, et marchand d’esclaves.  
      
Monsieur Venderdendur est comme son nom l’indique un vendeur à la dent dure  Candide rencontre d’abord dans la colonie hollandaise de Surinam un esclave noir atrocement mutilé par ses soins. Puis au chapitre suivant, cherchant un bateau pour le ramener en Europe, Candide fait la connaissance du maître, qui lui propose ses services et prend la mer avec les  richesses ramenées d’Eldorado avant que Candide ait eu le temps de monter à bord. Du bateau qu’il a finalement trouvé pour franchir l’Atlantique, Candide a ensuite l’occasion d’apercevoir Mr Venderdendur attaquer comme un pirate un gallion espagnol et périr dans le naufrage. Cet épisode permet à Voltaire de critiquer l’esclavagisme et particulièrement le commerce triangulaire des esclaves favorisé par certaines puissances européennes comme les Pays-Bas, dans leurs colonies. Ces états n’hésitent pas à utiliser de véritables bandits comme Venderdendur, et à les protéger comme le montre l’attitude du juge hollandais, vainement sollicité par Candide.

   

Qui est Martin ? Quel rôle joue-t-il dans le système des personnages du conte ?

        Martin incarne dans le conte la philosophie pessimiste.
          C’est un homme meurtri par la vie, que Candide recrute à Cayenne à l’occasion d’un étrange concours : il avait promis d’embaucher comme serviteur l’homme qui aurait vécu les plus grands malheurs. Martin est un sage, un savant, très cultivé, mais aigri. Ses malheurs l’ont rend « manichéen », c’est à dire que pour lui le Mal mène sans cesse une lutte contre le Bien, et il n’est pas loin de penser que c’est l’Esprit du Mal qui domine dans notre monde. Il joue un rôle positif auprès de Candide dans la mesure où il contribue à le détacher de l’optimisme naïf entretenu par les leçons de Pangloss . Il lui apprend la méfiance. Par exemple Martin impressionne Candide en devinant ce que cache l’amour apparemment idyllique entre Paquette et Frère Giroflée. Mais Candide, qui a mûri, ne lui obéit pas en tout : par exemple, il ne le suit pas lorsqu’il propose de tuer purement et simplement le frère de Cunégonde. Car Candide a compris qu’il faut se garder aussi bien du pessimisme absolu de Martin que de l’optimisme impénitent de Pangloss.

  

« Hélas ! Mon Dieu, s’écrie Candide au chapitre 15, je suis le meilleur homme du monde et voilà déjà trois hommes que je tue ; et dans ces trois hommes, il y a deux prêtres ». Qui sont ces trois hommes ? Dans quelles circonstances ont-ils été tués ?

          En effet, Candide a tué (ou croit avoir tué) trois hommes :  le « juif Issachar », le Grand Inquisiteur et le jeune Baron, frère de Cunégonde. Lorsque Candide retrouve Cunégonde à Lisbonne, elle est la propriété d’un banquier israélite qui l’a achetée pour en faire sa maîtresse. Mais le Grand Inquisiteur s’étant épris de la jeune esclave, Cunégonde se retrouve finalement obligée de se partager entre les deux hommes : un jour pour l’un, un jour pour l’autre. Surpris en compagnie de Cunégonde par Don Issachar, menacé par ce dernier, Candide se voit obligé de le tuer. Mais il est minuit, et le Grand Inquisiteur arrive. Candide tue pour la seconde fois.

C’est en Amérique que Candide, en fuite, a la surprise se trouver nez à nez avec le jeune baron, qu’il croyait mort. Le frère de Cunégonde est devenu commandant chez les Jésuites du Paraguay. Après de tendres embrassades, Candide a le tort d’annoncer au baron qu’il compte prendre Cunégonde pour épouse. Le jeune noble s’énerve et jure qu’il fera tout pour empêcher cette mésalliance. Les deux hommes en viennent au mains et c’est « le bâtard » qui prend le dessus. C’est ainsi que le pauvre Candide se retrouve au chapitre 15 avec trois morts sur la conscience.

 

Qui est Pococurante ? Qu’est-ce que sa rencontre apprend à Candide ?

Pococurante est un riche habitant de Venise. Candide demande à le rencontrer parce qu’on le lui a présenté comme le plus heureux des hommes. En effet, Pococurante a une maison magnifique, de jeunes servantes très belles qui partagent parfois sont lit, des tableaux parmi les plus réputés, un orchestre privé qui lui donne des concerts, une bibliothèque bien garnie, et un jardin savamment composé, mais rien de ce qu’il possède ne le satisfait. Il est las de ses servantes, trouve que ses tableaux imitent mal la nature, s’ennuie dés que le concert dure plus d’une demi-heure, et prétend que les grands auteurs de la littérature ont écrit beaucoup de sottises à côté de quelques rares bonnes pages.

          Candide, toujours un peu naïf, se laisse impressionner par cet homme qui montre une telle liberté de jugement sur ce que tout un chacun se croit obligé d’admirer. Mais Martin lui fait remarquer qu’il s’agit surtout d’un homme trop comblé et blasé, qui ne prend plus plaisir à rien et qui est finalement aussi malheureux qu’eux. Pococurante (dont le nom signifie en italien : qui ne se soucie de rien, qui n’a aucun souci) aura surtout appris à Candide que la fortune et l’abondance de biens ne font pas nécessairement le bonheur.

 

Qui est le Derviche, que Candide, Pangloss et ses amis rencontrent au chapitre 30 ? Qu’est-ce que Candide apprend de ce personnage ?

           Le Derviche est un religieux musulman que Candide et ses amis rencontrent au dernier chapitre du conte. Pangloss tient absolument à le questionner sur le Bien et le Mal, et tous les grands problèmes métaphysiques, parce qu’on lui a dit qu’il était « le meilleur philosophe de Turquie ». Mais le Derviche refuse d’aborder ces questions : quand Pangloss lui demande ce qu’il faut faire, il répond : « se taire ».

          Son message ressemble à celui de Voltaire dans le Poème sur le désastre de Lisbonne. En effet, le Derviche illustre sa pensée par un bref apologue qui constitue l’une des morales du conte : « Quand Sa Hautesse envoie un vaisseau en Egypte, s’embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont à leur aise ou pas ? ». Autrement dit : Dieu (représenté par Sa Hautesse le Sultan) ne se préoccupe pas des petits malheurs des hommes (les souris). Contrairement à ce que croit Leibnitz, c’est le hasard et non la volonté divine qui gouverne notre destin. L’homme a mieux à faire que de se torturer le cerveau pour essayer de comprendre « les raisons et les causes », d’interpréter les desseins de la Providence.

  

A trois reprises dans le récit (au début, au milieu et à la fin) Candide croit avoir rencontré un petit paradis terrestre, c’est à dire un lieu clos, isolé du monde, où toutes les conditions paraissent réunies pour être heureux. Identifiez ces trois lieux en justifiant votre réponse. Montrez ce qui les distingue. Dégagez le sens de l’itinéraire suivi par Candide dans sa recherche du bonheur.

           Le premier paradis de Candide, c’est le château de Thunder-ten-tronckh. On y trouve le plus puissant des barons, le plus savant des philosophes et la plus merveilleuses des princesses en la personne de Cunégonde. Mais Candide ne va pas tarder à découvrir que ce paradis est une illusion : c’est en réalité une baronnie minable, où règnent chez les maîtres la sotte prétention, les préjugés aristocratiques, et la servilité chez les subordonnés. La guerre se chargera de détruire cette illusion. Le second paradis de Candide est le pays d’Eldorado. Il y accède après une série de mésaventures qui lui ont appris à douter du bonheur. Par opposition avec la réalité atroce du monde, ce pays merveilleux où règnent l’abondance, le bon gouvernement et la paix apparaît comme un rêve. Il en a aussi la fragilité. C’est une pure construction de l’imagination humaine, une utopie, à laquelle il est impossible de croire. Il faut donc le considérer aussi comme une illusion. C’est pour cette raison (plus que pour retrouver Cunégonde, raison officiellement donnée par le conte), que Candide doit se remettre en route. C’est finalement dans la petite métairie de Propontide (en Turquie), que la troupe enfin réunie va trouver une vie modeste et retirée, à l’écart des turbulences de la politique et des querelles théologiques ; une vie solidaire, où chacun tente de donner le meilleur de lui-même au service de la communauté ; une vie laborieuse, consacrée à arracher à la terre les richesses nécessaires à une vie plus confortable.         

            Le premier de ces lieux est l’image de la société réelle, inégalitaire et brutale : le présenter comme un paradis est une tromperie. Le second est un monde irréel : c’est un beau rêve mais il est hors d’atteinte. Le troisième présente du bonheur une forme modeste et dégradée, certes, mais plus réaliste. Il constitue un art de vivre. L’itinéraire de Candide d’un de ces lieux à l’autre représente les étapes d’une maturation, le passage de l’enfance à l’âge adulte, de la superstition à la sagesse.

 

A quel genre littéraire appartient Candide, de Voltaire ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur votre connaissance de l’œuvre.

        Candide est un « conte philosophique ».

On y trouve en effet le registre merveilleux qui caractérise les contes : il y a bien sûr l’épisode de l’Eldorado, avec ses moutons rouges, ses machines volantes, ses cailloux d’or et de rubis. Mais on pourrait citer aussi la pommade magique utilisée par la vieille pour guérir Candide, les Oreillons qui garrottent Candide et Cacambo pendant leur sommeil comme font les Lilliputiens avec Gulliver, la formule initiale « Il y avait en Vestphalie… », les allures de conte de fée du « plus beau des châteaux » au début du récit, les personnages turcs qui semblent sortir d’un conte des mille et une nuits à la fin du récit.

Une autre caractéristique du conte peut être repérée dans l’invraisemblance, la rapidité, la liberté de la narration. Candide possède certaines caractéristiques du roman d’aventures ou du roman sentimental : on y trouve une tempête, un naufrage, des corsaires, des poursuites, des duels, des séparations, des retrouvailles. Mais le roman exige une certaine vraisemblance. Ici, tout est invraisemblable. Les épisodes s’enchaînent à toute vitesse, les pays défilent, les personnages meurent et ressuscitent. L’intrigue est d’une grande simplicité : Candide à la recherche de Cunégonde. Mais cette intrigue n’est qu’un prétexte à l’enchaînement des expériences qui vont constituer l’apprentissage de Candide. Les personnages rencontrés ne sont pas de vrais caractères mais des marionnettes dotées d’une fonction symbolique : Pangloss est l’optimiste, Martin le pessimiste, Cacambo le débrouillard pragmatique, le baron le noble entiché de préjugés aristocratiques, Vanderdendur l’esclavagiste cruel, Pococuranté le blasé, etc…
            Enfin, le ton n’est jamais très sérieux, l’ironie, la fantaisie, l’humour et même la gaudriole sont omniprésents : c’est à coup de pied au derrière que Candide se fait chasser du château, les aventures de la vieille sont parfois assez lestes, le baron monte en grade parce qu’il est mignon, les Oreillons ont d’étranges mœurs sexuelles, Cunégonde est si laide quand Candide la retrouve enfin qu’il n’est plus guère attiré par elle, le Derviche ferme sa porte au nez de Pangloss… Dans les pires mésaventures, la farce n’est jamais très loin.

            Mais les attributs du conte sont mis au service d’une thèse philosophique tout à fait sérieuse. Il s’agit pour Voltaire d’invalider l’interprétation « providentielle » de la vie humaine, l’optimisme des disciples de Leibnitz, de démontrer par l’accumulation des exemples l’omniprésence du malheur. Pour autant, Voltaire se garde bien d’un pessimisme excessif, il prend ses distances vis à vis de la philosophie manichéenne de Martin. Au chapitre 30, le conte débouche sur l’idée d’un bonheur possible dans le travail, l’entraide, la recherche d’une existence modeste mais active que résume la formule : « Il faut cultiver notre jardin ».

 

Qui est « la vieille », qui raconte longuement sa vie aux chapitres XI et XII de Candide ?

          La vieille vient au secours de Candide à Lisbonne, après l’auto-da-fé. Elle le conduit à Cunégonde dont elle est la servante.  C’est la fille du pape et d’une princesse italienne. Elle a connu tous les malheurs : enlevée, violée, mutilée, réduite en esclavage. Le récit que cette femme fait de sa vie confirme à Candide l’omniprésence du mal dans le monde. Comme Cunégonde, la vieille illustre la déchéance sociale et physique, ainsi que la violence faite aux femmes.

 

Quelle attitude devant les problèmes de l’existence symbolise chaque personnage dans l'extrait suivant ? "Martin conclut que l'homme était né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude, ou dans la léthargie de l'ennui. Candide n'en convenait pas, mais il n'assurait rien. Pangloss avouait qu'il avait toujours horriblement souffert; mais ayant soutenu une fois que tout allait à merveille, il le soutenait toujours, et n'en croyait rien."

        Face aux problèmes de l’existence, Pangloss représente une attitude consistant à se régler sur un mode d’explication et un mode de conduite adoptés une fois pour toutes (dans son cas, la philosophie optimiste) et qu’on refuse de remettre en cause quoiqu’il arrive. Ainsi, dans ce passage, il refuse de tenir compte de ce que l’existence lui a appris, il donne l’exemple de l’entêtement dans l’erreur. En outre, Voltaire en fait un hypocrite qui affirme par idéologie un optimisme naïf auquel il ne croit pas (« et n’en croyait rien »). Martin, lui, considère le malheur comme une fatalité : « l’homme est né pour vivre » malheureux. Il est pessimiste et résigné. Quant à Candide, « il n’assurait rien ». Le mot important est ici le verbe « assurer ». Face à Pangloss et Martin qui, malgré leurs points de vue opposés, sont tous deux remplis d’assurance, de certitudes, Candide incarne ici celui qui doute, réfléchit, et se garde des jugements extrêmes et définitifs : la bonne attitude selon Voltaire.

 

La dernière partie de son tour du monde ramène Candide en Europe : quels sont les trois pays d’Europe où il passe successivement avant d’arriver en Turquie ? Citez pour chacun des pays concernés un vice de l’espèce humaine que Candide peut y observer.

        Candide passe d’abord par la France où il est victime des mœurs corrompues de la capitale : il y découvre l’univers des jeux d’argent, se fait escroquer de diverses façons et c’est pourtant lui qui manque d’être mis en prison. Puis en Angleterre, il est témoin de l’ingratitude et de la barbarie du pouvoir qui fait fusiller un amiral pour la seule raison qu’il a été vaincu. Enfin, à Venise, il soupe avec six rois déchus qui lui font mesurer la précarité du pouvoir et les dangers de la politique .   (autres réponses pour Venise : la misère sexuelle, la prostitution = Paquette et Giroflée- ; le dégoût des richesses, l’insatisfaction chronique, l’incapacité à être heureux = Pococurante).

 

Tous les personnages se retrouvent à la fin , l'un d'entre eux est cependant écarté de la "troupe". Lequel et pourquoi ?

        A la fin du conte, Candide décide d’écarter le frère de Cunégonde. En effet, le jeune baron de Thunder-Ten-Tronck refuse obstinément que Candide épouse Cunégonde, parce qu’il n’est pas assez noble pour elle. Ce préjugé aristocratique, qu’il a hérité de son père (comme on l’a vu au chapitre1), l’a déjà conduit à se battre en duel avec Candide lors de leurs retrouvailles dans les réductions jésuites du Paraguay. Candide croyait même l’avoir tué et avait été extrêmement surpris de le retrouver en vie, prisonnier sur une galère turque. Il est donc impossible d’envisager une vie commune avec un pareil obstiné. Martin propose carrément de le rejeter à la mer, mais Candide préfère le confier au commandant de la galère avec pour mission de le ramener au Vatican et de le remettre entre les mains du Pape. Ce n’est pas sans quelque ironie que Voltaire renvoie vers le Pape, comme vers son tuteur légitime et naturel, la seule vraie « brebis galeuse » de l’histoire.

 

Racontez le dernier chapitre de Candide en montrant qu’il résume la moralité du conte.

     Au dernier chapitre, Candide achète une petite propriété en Turquie, afin de s’y consacrer au travail de la terre. Un derviche (prêtre du pays), considéré comme un grand sage, tente d’expliquer à Pangloss que l’homme est incapable de comprendre les desseins de Dieu et qu’il y a mieux à faire de sa vie qu’à raisonner dans le vide. La rencontre d’un vieillard qui vit heureux avec ses enfants dans une ferme voisine, les encourage à ne pas se mêler à la politique, qui – à Constantinople - n’entraîne que meurtres et révolutions de palais. Ces deux rencontres achèvent de convaincre Candide que la sagesse consiste à « cultiver notre jardin ». Refus de la métaphysique, méfiance vis à vis de la politique, choix d’un bonheur modeste dans le travail : telle est la triple morale du conte.