LE BARBIER DE SEVILLE

Mise en scène de Jean-Luc Boutté

Comédie Française - 1990

 

Biographie de Jean-Luc Boutté : 
http://www.theatre-odeon.fr/public/document/biograph/boutte.htm

 

 

Ecriture d'invention : Lisez les scènes 1 à 3 de l'Acte I du Barbier de Séville. Supposez que vous êtes metteur-en-scène. Décrivez pour vos collaborateurs la façon dont vous imaginez le spectacle (aspects visuel et auditif) au début de la représentation.

Vous utiliserez le vocabulaire technique du théâtre. Voici des termes dont vous devez connaître le sens. Si ce n'est pas le cas : ouvrez votre dictionnaire!

 

Accessoire
Avant-scène / Proscenium
Cadre de scène
Châssis
Cintres
Costume / Costumier
Côté cour / Côté jardin
Coulisses
Décor / décorateur
Découverte
Dessous / dessus
Dramaturge
Eclairage / Eclairagiste
Faire son entrée
Machines / Machinistes
Magasin aux accessoires
Mansions
Metteur en scène
Musique de scène
Orchestre / Fosse d'orchestre
Plateau
Praticable
Rampe
Régisseur
Scénographe / scénographie
Théâtre à l'italienne
Toile peinte / toile de fond
Trappe



Quels ont été vos sujets d'étonnement? Quels partis-pris de mise en scène avez-vous pu déceler ?

Les éléments de surprise sont nombreux :

1) Le décor : Dans le texte de Beaumarchais, une didascalie initiale indique : "Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées". Au début de la scène 3, on voit Rosine et Bartholo apparaître à une fenêtre du premier étage (la "jalousie"). Jean-Luc Boutté n'a pas conservé ce dispositif "réaliste". Une toile de fond représentant un grand ciel bleu parsemé de légers nuages blancs s'offre au regard. Un nuage cache un panneau mobile invisible, dont le déplacement au début de la scène 3 révèlera le rectangle d'une fenêtre. Le choix a donc été fait d'un décor stylisé à valeur symbolique. En effet, ce ciel bleu, entrant en résonance avec d'autres choix de mise en scène, indique une idée d'espoir, d'amour, de jeunesse, de liberté.

2) La distribution, les costumes et le jeu des acteurs : On est étonné aussi par le choix d'interprètes extrêmement jeunes. Le parti-pris est particulièrement sensible en ce qui concerne Figaro qui fut créé par un comédien de 59 ans, et dont le texte dit : "Te voilà si gros et si gras ..." (sc.2). La direction d'acteurs renforce ce parti-pris par une mobilité constante, un déploiement d'énergie considérable. Le costume bleu ciel de Figaro, accordé à la teinte de la toile de fond, joue sur la même idée de jeunesse et fait de Figaro un jeune premier, à l'égal d'Almaviva. Les deux complices paraissent égaux entre eux malgré la différence des rangs.

3) La musique : Son rôle est extrêmement important. Un véritable orchestre est présent dans la fosse. Une musique originale a été écrite pour le spectacle. Les acteurs sont aussi bon chanteurs que comédiens. Le rôle de cette musique de scène n'est pas seulement de fournir l'accompagnement des chansons : il y a une véritable ouverture, comme pour un opéra. La musique s'inscrit par moments en fond sonore des dialogues (au 4° acte, elle est utilisée pour évoquer l'orage indiqué par les didascalies). Ce choix illustre et renforce l'allure d' "opéra comique" propre au théâtre de Beaumarchais.

Le spectacle de Jean-Luc Boutté est un bon exemple du pouvoir de la mise en scène. Mettre en scène, c'est interpréter. Sans trahir l'esprit du texte, JL Boutté donne du Barbier une vision sans doute très différente de celle qu'en eurent les premiers spectateurs : il abandonne le pittoresque espagnol, passé de mode; par contre, il développe la dimension musicale du spectacle; il rajeunit les interprètes, ce qui ne fait que souligner le sens profond de la pièce : la revendication du droit à l'amour pour les jeunes gens; enfin, il construit un lieu scénique symbolique en accord avec ce parti-pris de jeunesse, et en accord aussi avec le goût de l'époque qui s'est détournée de l'illusion théâtrale. L'ensemble de ces choix produit une interprétation d'une grande homogénéité, extrêmement convaincante.