LE MARIAGE DE FIGARO
ACTE II, SCENE 1

 

 

QUESTION TYPE ORAL DU BAC 

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Comment nous est présentée la Comtesse dans cette scène ?

 Réponse :

1)      La comtesse et Suzanne : une relation de complicité amicale.

 

a)      Le comportement de la comtesse à l’égard de suzanne : familiarité, confiance.

-  le petit nom : Suzon

-  la liberté de comportement (elle se jette sur le lit) intimité du lieu

-  le ton de la confidence amoureuse (il ne m’aime plus) des confidences entre femmes ; la curiosité de la comtesse (questions)

-  noter : aucune jalousie

 

b)     Le comportement de Suzanne : tact, compassion, et malice.

-  tact :  quand elle évite de blesser davantage une femme trompée : le comte ne lui fait pas la cour, il n’est pas amoureux d’elle.

-  Compassion lorsqu’elle insiste sur l’amour du page, pour flatter l’amour propre d’une femme délaissée par son mari ; quand elle tente de lui faire accroire que son mari est encore amoureux puisqu’il est jaloux .

-  Malice, car n’oublions pas que la comtesse a un rôle à jouer dans la stratégie de Figaro. Rendre jaloux le comte pour le détourner de suzanne .

 

 

2)      La Comtesse, entre deux hommes : montrer l’évolution de la Comtesse au cours de la scène 

a)      1 à 16 : l’étonnement

b)     17 à 29 la rêverie amoureuse : l’attirance pour Chérubin.

c)      29  à la fin : l’amour blessé pour son mari.

 

a)      Au début de la scène, deux interprétations possibles : indignation sur l’infidélité du comte, le scandale si le page était présent, ou curiosité amusée ?

 

b)      En tous cas, l’attitude change dés que la conversation tombe sur le page :

  

- Réplique de la ligne 17 : Elle oublie pour un moment son mari, elle exprime d’abord des sentiments protecteurs : « est-ce que je l’aurais refusé, Suzon ? » ; « moi qui l’ai toujours protégé ».

- Réplique de la ligne 20 : Puis, elle se montre flattée d’apprendre qu’elle intimide le jeune page : « est-ce que j’ai cet air-là ? » . C’est moins de l’étonnement que du contentement de soi.

- Réplique de la ligne 22 : Puis elle est émue par la passion du page à son égard : « Mon ruban ? Quelle enfance ? » Mélange de tendresse et aussi de fierté comme précédemment. L’actrice doit montrer qu’elle est ravie de ce qu’elle apprend. C’est ce qu’indique la didascalie ; « en souriant ».

- Réplique de la ligne 25 : Puis elle se laisse gagner par une forme de rêverie amoureuse. Cf.les didascalies des l.25,29 . Elle parle distraitement pour demander la suite : « Eh bien Suzon ?»

- La réplique qui termine ce passage l.29-30 est à double entente : folies du page ? ou folies auxquelles elle vient de se laisser aller en imagination ?

 

c) A partir de la ligne 29, la Comtesse se rappelle enfin que son mari fait la cour à Suzanne. La Comtesse se replonge alors dans son passé et analyse sa situation avec une sincérité touchante.
           Texte : « Ah ! je l’ai trop aimé. Je l’ai lassé de mes tendresses et fatigué de mes soins. » Cette façon de prendre sur elle une partie de la responsabilité de la situation montre qu’elle aime Almaviva.

La rêverie où elle s’enfonce maintenant l. 41 « rêvant longtemps » tourne autour du Comte : « sans cette constance à me fuir …. (qu’il serait aimable, que nous pourrions être heureux) »

 

           En conclusion un personnage sensible, romanesque. Elle aime son mari et souffre d’être délaissée. Mais elle n’est pas insensible au charme de Chérubin. Elle est flattée de la passion qu’elle inspire au jeune page. C’est une coquette, qui pourrait être libertine … peut-être ! Ce portrait en tout cas annonce la suite… qui a beaucoup animé les commentaires sur la pièce au XVIII° siècle.

 

L'INTRODUCTION A L'ORAL DU BAC

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SITUER           Nous sommes au début du second acte de la pièce de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro. Cette oeuvre a été représentée pour la première fois en 1784. Le premier acte nous a appris qu’un mariage se prépare pour le jour-même, entre Figaro – serviteur du Comte Almaviva – et Suzanne - femme de chambre de la Comtesse. Mais le Comte, qui est un libertin, exige de la fiancée qu’elle se donne à lui avant la noce. Toute l’action de la pièce est là : Figaro parviendra-t-il à faire échouer les manœuvres de son maître, avec l’aide de Suzanne et de la Comtesse ? Ce sont les deux jeunes femmes qui sont en scène, au moment où l’acte II commence. 
CARACTERISER LA SCENE Il s’agit d’un dialogue rapide, en courtes répliques. La maîtresse questionne la servante sur les agissements de son mari, la servante revient de façon détaillée et vivante sur un récit qu’elle lui a déjà fait (hors scène). Pour le spectateur, ce récit est en un sens inutile, puisqu’il a assisté à ces événements durant le premier acte. 
AMENER LA QUESTION La fonction principale du passage n’est donc pas de faire avancer l’action mais de présenter au spectateur le personnage de la Comtesse, qui n’a fait au premier acte qu’une très brève apparition. 
ANNONCER LE PLAN En effet, la Comtesse est présentée ici à la fois dans ses rapports avec Suzanne (ce sera notre première partie) et – pourrait-on dire - dans ses rapports avec les hommes (Le Comte et Chérubin). Dans sa psychologie amoureuse si l’on préfère (ce sera notre seconde partie). 

 

 



COMMENTAIRE COMPOSE

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Introduction  (à rédiger)

 

1° AXE – FONCTION ET CARACTERE DE LA SCENE

 

  • La fonction de la scène n’est pas de faire avancer l’action.

Texte : Suzanne se contente de raconter ce qui s’est passé au premier acte. Un début « in medias res » permet de ne pas tout raconter, l’histoire a déjà été racontée en gros : « Je n’ai rien caché Madame »
             Mais les demandes de précision de la comtesse conduisent Suzanne et répéter ce que le spectateur sait déjà : « conte-moi tout dans le plus grand détail » + questions répétées l.11 ; 14 ; 17 ; 20 ; 22 ; 25 ; 29. Les  premières répliques sont des phrases interrogatives.

                    Si la scène n’a pas de fonction dramatique, elle a donc d’autres fonctions : lesquelles ?

 

  • Présenter la Comtesse. Pourquoi est-ce nécessaire ? Noter la différence entre la scène 10 de l’Acte I, où la Comtesse est en représentation et celle-ci où elle se montre au naturel. Parce qu’elle est entre femmes.

Texte : Ce naturel est suggéré dès la première didascalie « La Comtesse se jette dans une bergère »

 

  • Décrire les relations entre maitresse et servante. Comment apparaissent-elles ?

Complicité, discussion de femmes, sur leurs hommes et sur les hommes en général ; ton de la confidence,  liberté de la conversation.

                  Texte :  La comtesse appelle suzanne suzon. La Comtesse n’est pas génée de penser à voix haute devant sa camériste : « Il ne m’aime plus » ; elle brocarde les hommes en général : « Comme tous les maris, ma chère… ». Suzanne de même exprime sans retenue son amour pour Figaro : « Ah ! c’est mon Figaro ».

 

  • Le lieu – qui apparaît au spectateur en ce début de 2° acte et qui est décrit par la didascalie initiale – convient parfaitement à cette atmosphère.

Texte : C’est un lieu intime : une chambre « un grand lit en alcôve ». Le décor personnel de la Comtesse « superbe ». Les portes et fenêtres jouent un grand rôle dans la suite de l’acte; mais déjà, elles sont ce qui isole de l’extérieur, protège l’intimité des femmes. Les metteurs en scène soulignent généralement cette intimité en faisant porter aux actrices des vêtements d’intérieur, des « déshabillés ».

 

2° AXE – LES AMBIGUITES DE LA COMTESSE

 

                  La scène peut être divisée en trois parties, fondées sur les variations du comportement de la comtesse :

-          jusqu’à la ligne 20 : l’étonnement

-          lignes 20-29 : la rêverie amoureuse

-          lignes 29-45 : la souffrance de l’épouse délaissée

 

  • Au début de la scène, deux interprétations possibles : indignation sur l’infidélité du comte, le scandale si le page était présent, ou curiosité amusée ?

 

  • En tous cas, l’attitude change dés que la conversation tombe sur le page :

  

-          elle oublie pour un moment son mari

-          elle exprime d’abord des sentiments protecteurs : « est-ce que je l’aurais refusé, Suzon ? » ; « moi qui l’ai toujours protégé ».

-          Puis, elle se montre flattée d’apprendre qu’elle intimide le jeune page : « est-ce que j’ai cet air-là ? » . C’est moins de l’étonnement que du contentement de soi.

-          Puis elle est émue par la passion du page à son égard : « Mon ruban ? Quelle enfance ? » Mélange de tendresse et aussi de fierté comme précédemment. L’actrice doit montrer qu’elle est ravie de ce qu’elle apprend. C’est ce qu’indique la didascalie ; « en souriant ».

-          Puis elle se laisse gagner par une forme de rêverie amoureuse. Cf. les didascalies des l.25,29 . Elle parle distraitement pour demander la suite : « Eh bien Suzon ?»

-          La réplique qui termine ce passage l.29-30 est à double entente : folies du page ? ou folies auxquelles elle vient de se laisser aller en imagination ?

  • A partir de la ligne 29, la Comtesse se rappelle enfin que son mari fait la cour à Suzanne. La Comtesse se replonge alors dans son passé et analyse sa situation avec une sincérité touchante.
               Texte : « Ah ! je l’ai trop aimé. Je l’ai lassé de mes tendresses et fatigué de mes soins. » Cette façon de prendre sur elle une partie de la responsabilité de la situation montre qu’elle aime Almaviva.

La rêverie où elle s’enfonce maintenant l. 41 « rêvant longtemps » tourne autour du Comte : « sans cette constance à me fuir …. (qu’il serait aimable, que nous pourrions être heureux) »

 

           En conclusion : un personnage sensible, romanesque, qui n’est pas insensible au charme de Chérubin, coquette et qui pourrait être libertine … peut-être ! Ce portrait en tout cas annonce la suite… qui a beaucoup animé les commentaires sur la pièce au XVIII° siècle.

 

3° AXE : L’HABILETE DE SUZANNE.

 

·         Si le comportement de la Comtesse est sans doute le principal centre d’intérêt de la scène, il ne faut pas oublier l’importance du rôle de Suzanne dans le déroulement de l’action :

-          c’est Suzanne qui décide de tout raconter à sa maîtresse, et elle le fait parce qu’elle a un but : l’entraîner dans le complot ourdi par Figaro.

-          C’est Suzanne qui contribue largement à déclencher la rêverie amoureuse de la Comtesse

-          Et c’est Suzanne qui tire les bénéfices de la scène lorsque la Comtesse lui dit : « Mais je n’entends pas …. tu épouseras Figaro » lignes 35-36

             Il est donc intéressant d’observer comment s’y prend Suzanne pour obtenir cet excellent résultat.

 

  • La tactique employée par Suzanne consiste essentiellement à redonner confiance à sa maîtresse, abattue par les infidélités du Comte :

 

a)      avec tact, elle évite de se placer en concurrence avec elle par rapport au Comte :

l.12 : « Oh ! que non ! Monseigneur n'y met pas tant de façons avec sa servante : il voulait m'acheter. » Ce n’est pas tout à fait la vérité : la vérité , c’est que le Comte prétend être amoureux de Suzanne et lui fait la cour (cf. scène du fauteuil). Au contraire, Suzanne décrit le Comte comme un maître brutal, pas comme un amoureux. Ses assiduités auprès d’elle peuvent ainsi passer pour pur libertinage, l’amour du Comte pour la Comtesse pouvant être intact par ailleurs. En outre, Suzanne se présente en victime de ce libertin brutal et peut espérer ainsi éveiller dans l’esprit de la comtesse une solidarité féminine.

b)      elle flatte l’amour-propre de la Comtesse en lui décrivant avec vivacité la passion de Chérubin à son égard, elle la persuade que sa capacité de séduction est intacte :

l.18 : « Ah ! Suzon, qu'elle est noble et belle ! mais qu'elle est imposante ! » Suzon mime avec ironie mais aussi avec une vivacité non dépourvue de tendresse, la fougue amoureuse du page et souligne l’ascendant qu’a sur lui la Comtesse. Elle utilise ses qualités de comédienne pour transmettre à la comtesse une image touchante de Chérubin.

l.24 : « J'ai voulu le lui ôter; Madame, c'était un lion; ses yeux brillaient... « Tu ne l'auras qu'avec ma vie », disait‑il, en forçant sa petite voix douce et grêle. » Même jeu : Suzanne souligne avec une tendre ironie les débordements romantiques de chérubin, prêt à mourir pour conserver le ruban.

l.26 : « Eh bien, Madame, est-ce qu'on peut faire finir ce petit démon‑là ? ma marraine par‑ci , je voudrais bien par l'autre ; et parce qu'il n'oserait seulement baiser la robe de Madame, il voudrait toujours m'embrasser, moi. » Toujours la passion de Chérubin. En outre, Suzanne affirme que la cour que lui fait Chérubin n’est qu’un transfert de l’amour qu’il a pour la comtesse. Vérité bien diplomatique : la réalité est probablement toute autre. Suzanne masque sciemment le côté volage du jeune page (Fanchette, Marceline) et une fois de plus évite de se mettre en concurrence avec la Comtesse.

c)      Suzanne tente même de la persuader que le Comte l’aime toujours

l. 33 : « Pourquoi tant de jalousie ? » Elle suggère que si les Comte est jaloux, c’est qu’il aime encore sa femme. Encore un petit mensonge, comme la Comtesse d’ailleurs le lui démontre aussitôt.

 

En conclusion : La tactique de Suzanne dans cette scène consiste à persuader la Comtesse qu’elle peut à la fois recevoir les hommages de Chérubin et reconquérir son mari. Après tout, c’est exactement la tactique proposée par Figaro : amuser le Comte en le rendant jaloux, pour qu’il laisse Suzanne en paix. Consciemment ou inconsciemment, Suzanne applique ce plan à la lettre et convainc la Comtesse d’y participer.

 

Conclusion (à rédiger).