ETUDE DE LA MISE EN SCENE DE JEAN-PIERRE VINCENT

Théâtre National de Chaillot - 1987

  ____________________

 

Biographie de Jean-Pierre Vincent :

http://www.theatre-contemporain.net/cv/vincent%5Fjp/default.asp 

 

 

 

ACTE I – SCENE 1  

  • AVANT LE VISIONNEMENT DE LA K7

Sujet d'invention : Vous êtes metteur en scène. Dans un texte rédigé en style soutenu, destiné à vos collaborateurs mais susceptible d'être rendu public, vous décrivez comment vous imaginez le décor et le déroulement de la cérémonie théâtrale au moment où le rideau se lève pour le 1° acte de la pièce que vous avez étudiée cette année.

Mettre en scène un texte, c'est l'interpréter. L'attente du correcteur, c'est donc que votre imagination soit mise au service du texte, ce qui suppose d'abord d'en connaître et d'en respecter les données, ensuite, d'aider le spectateur à en comprendre le sens profond.

Pour le Mariage de Figaro, par exemple, il sera bon de s'interroger de la façon suivante :

1) Comment montrer par le dispositif scénique choisi que la chambre où se déroule l'Acte I est une pièce désaffectée?

2) Comment indiquer l'époque de référence choisie par les décors, les costumes, la musique (XVIII° ? une version modernisée?)

3) Comment indiquer par le décor le milieu social où se déroule l'action de la pièce, le cadre aristocratique  (la chambre est une chambre de château)?

4) Comment exploiter le symbolisme du lieu, la contiguïté entre la chambre et les appartements du Comte et de la Comtesse? Le lit sera-t-il présent, sous quelle forme?

5) Comment utiliser une éventuelle ouverture musicale pour indiquer le ton de la scène et l'état d'âme des personnages?

6) Comment montrer qu'on est le matin ?

7) Comment montrer qu'on est le "matin des noces"? qu'un mariage se prépare? (par les vêtements? ou plutôt par certains accessoires présents sur la scène?)

 

 

  • APRES LE VISIONNEMENT DE LA K7

Quels sont les choix significatifs du metteur en scène?

       -         comment montre-t-il que la pièce est désaffectée ? quel est le mobilier ?

  murs sans tapisseries, marques de plâtre ou de peinture; échelle; lit pas fait; piles de drap sur le lit; vagues tentures; le fauteuil; un mannequin de couturière 

-         où sont les portes ? 

-         quel rôle est donné au lit ? 

les personnages s’y installent, ce rôle central souligne qu’il est le centre de la conversation

     -         à l’éclairage ? 

très tamisé au départ 

-         à la musique ?

deux musiciens : violoneux; l'aspect musiciens de rue souligne la présence du peuple dans la pièce; sorte d’ouverture; changement significatif de mélodie lorsque Suzanne entre : plus romantique; c’est Suzanne qui congédie les musciens, comme si elle avait donné l’aubade à Figaro 

-         est-ce un décor totalement réaliste ?

non, côté cour, la coulisse est complètement ouverte

 

 

ACTE I – SCENE 10

 

-         Comment se conduit Figaro tout au long de la scène ? quelle est l’intention du metteur en scène ?

Figaro met en place les personnages, leur indique d'un geste leurs déplacements, va ouvrir à la Comtesse qui apparaît par une autre entrée que la troupe des villageois mais il est est significatif qu Figaro connaisse sa présence derrière cette porte. Il apparaît comme un véritable meneur de jeu.

-         Quel est le rôle du groupe des paysans ? (des sujets du Comte) comment la mise en scène souligne-t-elle ce rôle ?

      C'est une sorte de choeur, sous le commandement de Figaro. Le texte l'indique clairement. Sa présence est destinée à faire pression sur le Comte. La mise en scène accentue le rôle de Figaro en faisant d'abord arrêter le groupe en profondeur de la scène, puis Figaro le fait avancer de quelques pas de plus.

-         Quelle est la gestuelle de la Comtesse ? Quelle idée a présidé à ce choix, selon vous ?
 
Elle a des gestes extrêmement artificiels, sophistiqués. Conduite par Figaro, elle donne l'impression de jouer faux. Impression probablement voulue par le metteur en scène pour marquer l'idée du complot, de la "comédie" jouée au comte.

-         Quelle est la gestuelle de Suzanne ? Même question ?

      Suzanne a elle aussi des attitudes très théâtrales, notamment quand elle se met à genoux. Cf.  le grand geste du bras, digne d'une héroïne tragique, lorsqu'elle dit : "Laisse là ma figure, et ne vantons que sa vertu !." Le caractère artificiel du geste s'ajoute à l'ironie du propos.

-         Comment le comte réagit quand Figaro lui tend la « toque virginale » ? quel geste de Figaro souligne comiquement cette attitude ?

Figaro laisse tomber la coiffe, obligeant le Comte à la rattraper. Littéralement, il lui force la main. Le geste résume le sens de toute la scène.

 

 

ACTE II, SCENE 1

 

-      Le choix du décor

      Noter le lit monumental, les soieries, le miroir, la table de toilette. Le cadre de scène en bois doré, imitant l'encadrement d'un tableau. Un dispositif scénique à demi-réaliste : quelques meubles représentent une chambre de femme, mais ils ont une fonction aussi symbolique que réaliste : évoquer le luxe et la féminité.

-     Le geste de la Comtesse lorsqu'elle entre en scène

      Elle se débarrasse de ses mules d'un mouvement du pied et se jette littéralement sur le lit : jeunesse, et surtout familiarité. Contraste avec son rôle empesé de I,10. Elle est chez elle, hors du regard des hommes, elle n'a plus un rôle social à jouer. Tout le reste du jeu des deux actrices confirme cette idée de familiarité et de complicité, d'intimité féminine.

-    L'interprétation du texte de la Comtesse, dans le jeu de l'actrice

     L'actrice minaude, prend des airs de coquette en disant : "Est-ce que j'ai cet air-là..."; "Mon ruban quelle enfance..?". Elle sourit en s'étendant voluptueusement sur son lit (qui remplace la bergère indiquée par le texte). Cet air de contentement extrême montre qu'elle se sent flattée de l'amour du jeune page. Le contraste est saisissant lorsqu'elle se lève "en se servant fortement de l'éventail" comme l'indique le texte, au moment où la conversation revient sur les infidélités du Comte.