Une héroïne attachante et pitoyable
Un coeur simple, de Gustave Flaubert
Un cœur simple est un conte de Gustave Flaubert écrit de 1876 à1877, sous la Troisième République. C’est une histoire dramatique mais entraînante que vous prendrez plaisir à lire.
Ce livre retrace l’histoire d’une servante exemplaire nommée Félicité. Etant orpheline, elle passe une enfance malheureuse, ne reçoit guère d’éducation scolaire et religieuse. Elle connaît son histoire d’amour qui échoue lorsque Théodore la quitte pour épouser une riche vieille femme. Alors Félicité s’installe et devient servante, à Pont-l’Evêque, chez Mme Aubain. Elle s’occupe avec beaucoup d’amour des deux enfants de celle-ci, Paul et Virginie. Malgré son intelligence limitée, elle est très active et se dévoue entièrement au service de sa maîtresse. Cette servante est très convoitée par les bourgeoises de la ville. Sa maîtresse, personnage peu agréable et égoïste, ne se soucie que de ses biens.
Félicité débute son éducation religieuse grâce à Virginie, la fille de Madame, qui prend des leçons de catéchisme que Félicité essaie de suivre. Elle devient très pieuse. La santé de Virginie est inquiétante, sa mère décide de se rendre à la mer où Félicité retrouve une de ses sœurs. L’égoïste Mme Aubain, agacée par ces retrouvailles, décide de rentrer à Pont-l’Evêque. Dans ce passage, l’auteur insiste sur la méchanceté de cette bourgeoise. Par la suite Virginie est envoyée en pension car sa mère veut qu’une bonne éducation lui soit donnée. Félicité est triste mais l’arrivée de son neveu Victor la réjouit. Attristée par le départ professionnel de Victor, jeune marin, elle se voit meurtrie par le décès de celui-ci à Cuba. Puis Virginie, suite à sa maladie, meurt également. L’héroïne perd les deux êtres les plus chers à ses yeux.
Le passage le plus émouvant de ce récit, je crois, est l’histoire d’amitié et de complicité entre Félicité et un perroquet, Loulou, que Mme Aubain lui a offert. Félicité semble porter un profond amour à cet oiseau qui lui apporte beaucoup d’affection. Malheureusement, il meurt à son tour. Pour avoir toujours son compagnon auprès d’elle Félicité décide de le faire empailler. Félicité et Loulou sont les personnages les plus importants du récit. Après la mort de l’animal, on se rend compte par ces nombreuses péripéties dramatiques que la vie et le destin de Félicité sont plutôt tristes. Flaubert a su rendre son héroïne attachante, pitoyable en illustrant ses qualités au cours de l’histoire. On imagine ce que peut ressentir ce personnage sensible face à tous ces deuils.
La maison est mise en vente à la suite de la mort soudaine de Mme Aubain. Se retrouvant seuls, Félicité et Loulou y logent toujours dans l’attente de locataire. Les années passent, la maison en ruine ne se vend pas, la servante fatiguée demeure inerte dans son lit. Bientôt, le prêtre et son cortège s’installent dans la cour de la maison afin de célébrer la Fête-Dieu. La dernière phrase du conte évoque une mort paisible méritée. On espère que cette merveilleuse bonne se reposera enfin. « Ses lèvres souriaient. Les mouvements de son cœur se ralentirent un à un, (…) et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entrouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête ».
Stéphanie Hernandez