Une histoire plutôt surprenante et un langage assez cru.
Effroyables jardins, de Michel Quint.
Michel QUINT est né en 1949. Il a publié un certain nombre d’ouvrages
comme Sanctus, Cake-Walk,
Lundi, Le Bélier noir ou
même La Belle Ombre. C’est un
auteur âgé aujourd’hui de 53 ans qui a obtenu en 1989
le Grand Prix de Littérature policière.
Ce romancier a voulu dédier l’un de ses plus grands succès : Effroyables
jardins, à son grand-père, ancien combattant de Verdun, mineur de fond ;
il le dédie aussi à son père, ancien résistant, professeur ; et enfin
à un homme appelé Bernhard Wicki qui jouera un grand rôle dans la fin du récit.
Dans les premières
lignes du roman, Michel QUINT rapporte les événements étranges qui auraient
eu lieu lors du procès de Maurice Papon. En effet, lors de ce procès, « la
police a empêché un clown de rentrer dans la salle d’audience. Il semble que
ce jour-là il ait attendu la sortie de l’accusé et l’ait simplement considéré
à distance » ; un huissier se souvient de l’avoir entendu dire après
que le verdict fut tombé :« sans vérité, comment peut-il y avoir
de l’espoir ? ». La suite du roman est en fait l’histoire d’
« anciens résistants » français, faits prisonniers par les
allemands (schleus comme dit l’auteur) et martyrisés pendant plusieurs jours
avant d’être enfin libérés, l’histoire
est racontée par Gaston, l’oncle du narrateur. Je n’en dis pas plus sinon
que toute l’histoire démontre l’utilité du rire dans certaines situations et
l’importance du métier de clown.
Le langage, dans ce livre, est assez surprenant au premier abord mais on
s’adapte très rapidement. En effet, le langage y est non seulement très
familier mais même par moment un peu grossier. Malheureusement on ne peut pas
employer un vocabulaire moins cru lorsque l’on raconte une histoire dans le
fond aussi terrible : « Gaston faisait pas semblant, ses mots étaient pas
l’ombre des choses et des moments inhumains, mais il m’ouvrait sa vie et
m’offrait humblement tout ce qu’il avait, d’effroyables jardins, dévastés,
sanglants, cruels. » « …, enfin sur
les estrades merdiques où il officiait les meilleurs soir » ;
« … nain de jardin obscène ; ithyphallique » ; « Des
rebusilleries, des repensées, à tourner fou. »
Ce roman a à la fois la capacité de divertir car il raconte une
histoire qui est assez poignante mais il a aussi un caractère pédagogique. En
effet, il permet d’approfondir l’idée un peu trop objective des livres d’école
grâce aux témoignages de vrais résistants qui ont réellement fait la guerre.
Cette œuvre est très émouvante car l’histoire qui y est racontée est
l’histoire de nos ancêtres ; elle a été vécue par beaucoup de
personnes. L’auteur, Michel QUINT est très doué car il arrive à nous
transmettre, grâce à l’assemblage habile de témoignages, les différentes
émotions des personnages et notamment des deux anciens résistants faits
prisonnier.
Mathieu Sinigaglia