Les Liaisons dangereuses
de Choderlos de Laclos
Le mal, l’intelligence et le libertinage sont les trois thèmes clés de ce
chef d’œuvre du roman épistolaire, 450 pages, écrit en 1780 sous la plume
alerte de Choderlos de Laclos.
Ce militaire, né en 1741, gravit les échelons de
l'armée et travaille en 1779 à la construction et à l'armement du fort de
l’ île d'Aix, contre les Anglais (alors ennemis de la France). C'est durant
ce séjour qu'il conçoit Les Liaisons dangereuses, ouvrage qui fait
scandale jusqu'à la moitié du XIX° s. Fervent révolutionnaire et partisan du
duc d'Orléans, il est plusieurs fois emprisonné et meurt en 1803.
Glenn Close (Merteuil) |
L'histoire s'organise autour de deux couples : d'un côté le
Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, complices en libertinage et
implacables rivaux, de l'autre les jeunes amoureux naïfs, Danceny et Cécile.
Celle-ci doit être mariée au comte de Gercourt, ancien amant de la Marquise de
Merteuil qui compte bien se venger de lui en utilisant le Vicomte pour corrompre
la future épouse avant la noce. Car elle ne supporte pas que le comte l'ait délaissée
: « ... nous lui donnerons une femme toute formée, au lieu de son innocente
pensionnaire. Quelle est donc en effet l'insolente sécurité de cet homme, qui
ose dormir tranquille, tandis qu'une femme, qui a à se plaindre de lui, ne
s'est pas encore vengée? » Quant à Valmont, il entreprend une tâche
hautement difficile : séduire la dévote et austère Madame de Tourvel en
l'absence de son mari. Dès la première de ces 175 lettres, le lecteur est fasciné par la cruauté du couple infernal Valmont - Merteuil et attiré par l'extraordinaire présence des personnages, due au style d'écriture propre à chacun d'eux. Laclos jongle avec délicatesse et raffinement avec les points de vue et les voix des personnages qui diffèrent en fonction du caractère mais aussi des événements et du destinataire de la lettre. Tout un art que de très rares auteurs ont réussi à maîtriser! |
L'auteur brosse une peinture réaliste et pertinente, d'un
grand intérêt historique, croquant le relâchement des moeurs et le
libertinage aristocratique. C'est aussi une oeuvre morale : « Il me
semble, écrit-il, que c'est rendre service aux moeurs que de dévoiler les
moyens qu'emploient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont
de bonnes. »