TABLEAU D'ANALYSE DES MANUSCRITS DU RECUEIL DEMENY 

D'APRES STEVE MURPHY (ED.CRITIQUE POESIES CHAMPION 1999)

Poème  Datation Foliotation Vers Strophes Mètres  Rimes
   
« I »

 

       
Les reparties de Nina GI 15.8 R°V°R°V° 108  27x4

8/4/8/4 

abab cdcd
Venus Anadyomène GI 27.7 14 sonnet 12 abab cddc eef gfg
"Morts de 92....." 3.9 14 sonnet 12 abab cd cd eef ggf
Première soirée publication 13.8 R°V° 32 8x4 8  abab cdcd
Sensation
TB .4 8 2x4 12 abab cdcd
Bal des pendus  s.d. R°V° 44 11x4

 8 (str. 1/11) et 
12 (str.2/10)

abab (cdcd efef...) abab

Les Effarés

20.9 R°V° 36 12x3 (=6x6) 8/8/4 aab ccb dde ffe ...
Roman 29.9 R°V° 32 4x(2x4) 12 abab (cdcd efef...)

Rages de Césars

s.d. 14 sonnet 12 abab cdcd eff egg
Le Mal  s.d. 14 sonnet 12 abab cdcd eff egg
Ophélie
 
TB 15.5 R°V° 36 (4x4)+(4x4)+(1x4) 12 abab cdcd ...
Le châtiment de Tartufe s.d. 14 sonnet 12 abab cdcd eef fgg
À la Musique s.d. R°V° 36 9x4 12 abba / cdcd efef ...
Soleil et Chair TB 29.4 R°R°V°R°V° 128 paragraphes 12 aabbccddee ...
sauf 151-154 xyxy
Le Forgeron
 
s.d. R°V°R°V°R°V°R° 178 paragraphes 12 aabbccddee...
   

« I I »

 

       
Rêvé pour l'hiver 7.10 f.A : R° 14 sonnet 12/6/12/6
12/8/12/8
abab cdcd eef ggf
Ma Bohême    s.d. f.B : R° 14 sonnet 2x(12/12/6) abab cdcd eef gfg
Le buffet   .10 f.C : R° 14 sonnet 12 abab cdcd eef ggf
 L'éclatante victoire... .10 f.D : R° 14 sonnet 12 abab cdcd eef ggf
la Maline .10 f.E : R° 14 sonnet 12 abab cdcd eef ggf
Au Cabaret-Vert  .10 f.F : R° 14 sonnet 12 abab cdcd eef ggf
Le Dormeur du Val .10 f.X : R° 14 sonnet 12 abab cdcd eef ggf

Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Slatkine-Champion.

 

 Légende du tableau et commentaires de l'auteur du cours :

1° colonne : poèmes / titres classés dans l'ordre de la lettre de Demeny à Darzens, premier éditeur de ces textes (Rimbaud Reliquaire 1891), ordre considéré par Steve Murphy comme le moins contestable, le plus proche du classement opéré par Rimbaud dans l'hypothèse d'un recueil organisé (Voir texte ci-après).

2° colonne : datation / dates indiquées par Rimbaud; GI : la date n'est mentionnée que sur une copie détenue par Georges Izambard; TB : la date n'est mentionnée que sur une copie détenue par Théodore de Banville.

3° colonne : foliotation / cette colonne décrit la façon dont se présentent les feuillets du manuscrit : deux liasses différentes par le papier utilisé (papier écolier pour la première ("I") ; papier à lettre pour la seconde ("II") numérotée de A à F correspondant à l'ordre de la lettre de Demeny à Darzens; X pour Le dormeur du val, parce que Demeny ne mentionne pas ce texte). La critique pense généralement que le changement de support correspond à deux  moments différents du recopiage des textes, situés respectivement lors du premier et du second séjour de Rimbaud à Douai. Murphy ne considère pas cette interprétation comme certaine. f = feuillet; R° = recto; V° = verso : ce détail à une importance pour certains chercheurs qui estiment sur la base d'une remarque d'Izambard que Rimbaud a cessé d'écrire recto-verso en cours de recopiage, parce que Demeny lui aurait signalé que l'on n'écrit pas recto-verso un manuscrit destiné à un imprimeur.

4° colonne : vers / nombre de vers.

5° colonne : strophes / composition strophique.

6° colonne : mètres.

7° colonne : rimes / systèmes de rimes.

 

EXTRAIT DU LIVRE DE STEVE MURPHY 

         

2. Le recueil Demeny

 

2.1. Le contexte du recueil

Contrairement aux manuscrits Izambard, qui ne représentent en tout état de cause qu'une partie des poèmes donnés au professeur, les manuscrits Demeny semblent avoir constitué au moins les matériaux d'un véritable recueil. Rimbaud avait-il déjà songé à un titre pour ce recueil ? L'absence de titre dans les manuscrits connus ne prouve aucunement qu'il n'en ait pas existé un, de même qu'on ne possède aucune trace autographe du titre Illuminations (et la page de titre d'Un coeur sous une soutane a été séparée de l'ensemble du manuscrit). Faute de titre autographe, on a proposé plusieurs titres factices, parmi lesquels nous retiendrons «recueil Demeny», faute de mieux. On a également parlé de « recueil de Douai » - mais Douai est aussi la ville où Rimbaud a fréquenté Izambard - et de « cahier Demeny » ou de « cahier de Douai ». Ces dernières appellations sont inacceptables, aujourd'hui que l'on sait qu'il ne s'agit pas de cahiers ; l'hypothèse n'était déjà accréditée ni par des évocations du manuscrit, ni par des témoignages. De deux choses l'une, ou bien on parle d'un cahier, et alors on homogénéise le recueil, ou bien on parle de deux cahiers (supposition souvent fondée sur la disposition des manuscrits dans le volume de fac-similés de Messein), et alors on communique l'impression erronée d'une bipartition absolument nette du recueil. Dans les deux cas, on donne l'illusion d'un ordre certain et fixe des poèmes.

 

Une autre raison d'adopter le titre « recueil Demeny » tient à ce que l'on peut déduire des motivations de la transcription de ces poèmes, motivations concrètes qui contredisent l'image d'un Rimbaud écrivant uniquement pour son plaisir propagée plus tard par sa soeur. Paul Demeny est aujourd'hui mieux connu pour le rôle qu'il joua dans la vie de Rimbaud que pour sa propre carrière littéraire et on peut trouver symptomatique que le portrait photographique reproduit un peu partout dans les iconographies rimbaldiennes avec la légende « Paul Demeny » montre en réalité, comme l'a révélé D. Vandenhoecq [1971, 24], son frère Georges. Rimbaud, dans sa lettre à Izambard de juillet 1871, se montre du reste assez lapidaire :

 

"- Tenez-vous a[ux Glan ] euses ? Les collégiens d'Ardennes pou [ rraient débo] urser [trois francs] pour bricoler dans ces azurs-là."

 

On pourrait songer à expliquer ces lignes par l'amertume de Rimbaud, Demeny n'ayant pas montré l'intérêt qu'il avait espéré pour ses propres vers. Pour se convaincre du contraire il suffit de lire une autre lettre à Izambard, que Rimbaud avait envoyée le 25 août 1870, c'est-à-dire à une date où il n'avait pas encore rassemblé les poèmes de son recueil :

 

"Heureusement, j'ai votre chambre Vous vous rappelez la permission que vous m'avez donnée. [ ... ] Puis, que vous dire ?... J'ai lu tous vos livres, tous ; il y a trois jours, je suis descendu aux Épreuves, puis aux Glaneuses, - oui, j'ai relu ce volume ! - puis ce fut tout... Plus rien; votre bibliothèque, ma dernière planche de salut, était épuisée !..."

 

Il fallait donc tomber bien bas (descendre) pour relire les antiphrastiques azurs de la poésie de Demeny : Demeny sert dans le premier cas de source possible d'argent, et dans le second de support à l'expression hyperbolique de sa pénurie de lecteur sans livres intéressants. Or, Rimbaud n'était pas le seul à s'apercevoir de la médiocrité des écrits de Demeny et si Izambard n'a probablement pas exprimé un tel avis devant son élève, il avait lu un jugement encore plus explicitement négatif formulé au sujet de « Popo » Demeny dans une lettre du 17 mars 1870 de Caroline Gindre, l'une de ses fameuses «tantes».

 

Si Rimbaud prépara donc un recueil destiné à Paul Demeny, ce ne fut pas à cause d'un soudain engouement pour l'oeuvre du jeune poète de Douai (qui espérait peut-être atteindre la même célébrité que Marceline Desbordes-Valmore ?). En réalité, Rimbaud avait des objectifs plus concrets. Il savait que Demeny était le co-propriétaire d'une maison d'édition, la Librairie artistique, ce qui lui avait permis de publier en 1870 Les Glaneuses et La Flèche de Diane [Vandenhoecq 1972, 151]. Rimbaud ignorait en revanche, en toute probabilité, que cette entreprise permettait surtout à Demeny d'opérer, selon l'expression fort appropriée d'A. Lazar, un « camouflage du compte d'auteur » [1980, 262], non sans rallier à sa cause l'école parisienne Sainte-Barbe qui lui octroya une subvention de 200 francs. Comme l'a fait remarquer P. Brunel [1983b, 44], lorsque Rimbaud ira à Paris en mars 1871, il rendra visite à la librairie de Demeny, comme l'indique sa lettre du 17 avril qui contient un appel du pied à peine déguisé :

 

"À la librairie Artistique, - je cherchais l'adresse de Versmersch [sic], - on m'a demandé de vos nouvelles. Je vous savais alors à Abbeville."

 

Or, on impute souvent au Rimbaud de cette époque un véritable opportunisme. Ne pourrait-on pas voir ici un nouvel indice de cette prétendue stratégie de la flagornerie ? Il faudrait, pour le croire, méconnaître la manière dont Rimbaud a fait exactement ce qu'il fallait pour brusquer et énerver Demeny : sinon, pourquoi parlerait-il de Vallès, et deux fois de Vermersch, alors qu'il devait savoir que son correspondant était loin de partager, comme lui, l'idéologie communarde des deux écrivains -joumalistes? En 1870, déjà, le contenu du « recueil Demeny » ne pouvait guère lui plaire, à cause notamment de son idéologie radicale et de la verdeur de certains passages satiriques.

 

Le 10 juin 1871, Rimbaud écrit à Demeny :

 

« [ ... ] brûlez, je le veux, et je crois que vous respecterez ma volonté comme celle d'un mort, brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai [ ... ] »

 

Malgré la force de cette demande, on aurait peut-être tort d'y lire une condamnation sincère des poèmes de 1870 (c'est en juin 1871 que le poète envoie Les Effarés à Aicard et le poème figure dans le recueil Verlaine) : Rimbaud sait que Demeny les a peu aimés et semble avant tout vouloir proposer de nouveaux envois.

 

2.2. Ordres (?) du recueil

 

Pour le recueil Demeny, on voudrait donner l'ordre effectif des poèmes, mais quel est au juste cet ordre ? Plusieurs éditeurs récents ont retenu celui du recueil de fac-similés de 1919, mais l'agencement en question reposait sur des conjectures chronologiques de Berrichon et de Delahaye (celui-ci, dans le manuscrit dit Cazals, datait Le Mal et Ma Bohême (Fantaisie) de la période mai 1871-octobre 1872 ...). Ayant retrouvé ces manuscrits à la British Library, nous avons proposé de reprendre l'ordre dans lequel les manuscrits se trouvent actuellement, et qui est exactement celui du Reliquaire [Murphy 1991a]. Certes, Demeny et Darzens (ou Genonceaux, ajouterions-nous aujourd'hui) avaient pu modifier l'ordre des manuscrits, mais nous pensions que cet agencement pouvait être l'ordre originel du recueil, soulignant la présence, à la fin de Soleil et Chair, d'une lettre d'adieu à Demeny, ce qui semblait confirmer l'ordre du Reliquaire. Malgré ce que cet ordre pouvait comporter d'aléatoire, il permettait au moins une certaine neutralité dans le parcours du texte, alors que Berrichon avait produit, par son agencement en principe chronologique, une série d'illusions d'optique dommageables pour l'analyse des poèmes et du recueil. J.-F. Laurent a indiqué cet ordre dans Alain Borer : Rimbaud, œuvre-vie (Arléa 1991)... et c'est ainsi que M. Richter et P. Brunel ont présenté les poèmes [éditions respectives de AAdam/MRichter, PBrunel].

 

Or une lettre de Demeny à Darzens du 25 octobre 1887, éditée pour la première fois par J.-J. Lefrère et J.-P. Goujon [Lefrère et Goujon 1998, 8-9, Lefrère 1998b, 710-7111 grâce au dévoilement de la collection de Jean Hugues en 1998, éclaire non seulement les conditions dans lesquelles Darzens a acheté le recueil Demeny, mais aussi la manière dont Demeny percevait l'oeuvre de Rimbaud. Dix-sept ans après l'arrivée entre ses mains du recueil, Demeny montrait clairement le jugement qu'il portait sur ces poèmes. Mais si en 1887, il les considérait avec un certain amusement détaché - à une époque où le Symbolisme et le mouvement décadent occupaient le terrain poétique - en 1870, il avait dû être encore plus perplexe.

 

Voici in extenso le texte de la lettre ; nous avons essayé de maintenir les erreurs commises par Demeny en énumérant les titres de Rimbaud mais les fins de mots sont souvent peu lisibles

 

Mon cher Darzens,

 

            Voici les pièces de poésie d'Arthur Rimbaud autographes, que
            vous m'avez demandées pour adjoindre à une étude.

Ce sont : les Reparties de Nina, Venus Anadyomène, un sonnet daté de Mazas, Première soirée, Sensation, Bal des pendus, Les Effarés, Roman, Rage de César, Le Mal, Ophélia, Le châtiment de Tartuffe, À la Musique, Le Fo  Soleil et Chair, Le Forgeron,

dans le format in 8° (papier écolier),

plus six sonnets sur papier à lettres intitulés : Rêvés pour l'hiver, Ma Bohème, (fantaisie), le Buffet et l'éclatante victoire de Sarrebruck, la Maline et au cabaret vert.

Toutes ces poésies m'ont été remises par Rimbaud lui-même à la fin de l'année 1870; vous savez que, m'occupant depuis longtemps de littérature, je tiens beaucoup aux manuscrits inédits de jeunes poëtes et, si je vous les confie, c'est que le temps me manque absolument pour en faire une étude.

            Cependant, ces manuscrits ayant une valeur marchande, au cas où vous les égareriez, fixons, ainsi qu'il a été convenu entre nous, leur valeur au minimum de Trente francs, chaque poëme, l'un dans l'autre.

              Car, ainsi que vous pouvez le remarquer, mon cher ami, à côté de sonnets qui, comme toujours, hélas! n'ont que quatorze vers, certaines pièces atteignent et dépassent même cent vers.

Je finis en vous souhaitant tout le succès possible dans vos recherches d'état civil et de notes biographiques. J'ai le triste privilège de l'âge qui m'a fait connaître cet être bizarre alors qu'il sortait à peine du collège et ses premières élucubrations m'ont semblé assez curieuses pour que je les collectionne.

La bonne amitié que j'ai pour vous et pour votre talent m'a fait me dessaisir de ces manuscrits, mais je suis persuadé que vous en ferez le meilleur usage au point de vue de la propagation littéraire.

            Toujours cordialement à vous

                                                                            Paul Demeny
                                                                                                                 25 Octobre 1887

 

Voici donc l'ordre dans lequel Demeny présente les poèmes. Nous donnons aux poèmes une foliotation factice :

   

Voir tableau ci-dessus.

 

Le Dormeur du Val a été oublié par Demeny, ce qui explique la numérotation séparée que nous proposons pour les sonnets inscrits sur papier à lettre. Dans l'étude qu'il préparait, Darzens maintenait l'ordre de la première partie des manuscrits donné dans le Reliquaire mais arrangeait ainsi les sonnets de la seconde partie : l° Ma Bohême (Fantaisie), 2° Le Dormeur du Val, 3° Au Cabaret-Vert, 4° L'éclatante victoire de Sarrebrück, 5° Le buffet, 6° La Maline, 7° Rêvé pour l'hiver. Cet ordre semble être aléatoire et c'est sans doute Genonceaux qui a été responsable de la reprise d'une partie de l'ordre indiqué par Demeny dans le Reliquaire (peut-être parce que se dépêchant de publier l'édition, Genonceaux est peu intervenu matériellement ... ).

 Par rapport au Reliquaire, l'énumération de Demeny présente un certain nombre de différences. Les sonnets inscrits sur papier à lettre se trouvent dans un ordre totalement différent ; Le Forgeron suit Soleil et Chair dans la liste de Demeny alors que l'ordre est inverse dans le Reliquaire et dans le volume de manuscrits de la British Library. Or, mis à part le cas incertain du Dormeur du Val et le déplacement spécifique de Rêvé pour l'hiver, on remarquera que la permutation fondamentale a été, entre la liste Demeny de 1888 et l'ordre donné par Genonceaux en 1891, une double inversion d'ordre :  

Demeny   Genonceaux
Soleil et Chair
 Le Forgeron
1/2
2/1
Le Forgeron
Soleil et Chair

Ma Bohême (Fantaisie)
 
Le buffet 
L'éclatante victoire 
La Maline

Au Cabaret
-Vert

1/5
2/4
3/3
4/2
5/1

Au Cabaret-Vert
 
La Maline
L'éclatante victoire
 
Le buffet 
Ma Bohême (Fantaisie)

Il est tentant de penser que le poème oublié par Demeny, Le Dormeur du Val, qui se présente en première position dans la seconde partie du recueil dans l'ordre donné par Darzens, se trouvait en dernière position en 1888 -  mais il ne s'agit, bien entendu, que d'une hypothèse.  

Apparaît ici l'une des difficultés d'analyse du recueil Demeny : on avait déjà de bonnes raisons de supposer que Demeny n'avait guère apprécié les poèmes du recueil. Le terme « élucubrations » utilisé dans sa lettre confirme cette supposition et il serait téméraire d'affirmer que Demeny a respecté l'ordre primitif des manuscrits. On peut toutefois penser que le peu d'intérêt que Demeny a porté à ces manuscrits a pu, jusqu'à un certain point, maintenir dans l'ordre le recueil jusqu'au moment où, avec la notoriété grandissante de Rimbaud, il a trouvé qu'il pouvait mettre à profit, au sens le plus littéral, les papiers qu'il avait conservés.

 (…)  

Arthur Rimbaud, Oeuvres complètes, tome I, Poésies, introduction et notes de Steve MURPHY (Champion-1999)  

Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Slatkine-Champion.