OBJET : CONVAINCRE, PERSUADER, DELIBERER

  Série technologique

CORPUS 

1 – Jean de La Fontaine : Le Chêne et le Roseau
2 – Jean Anouilh : Le Chêne et le Roseau
3 – Gilles Limpalaer : Le Chêne et le Réseau

Annexe - Jean de La Fontaine : La Cigale et la Fourmi

 

QUESTION (6 points) : Vous préciserez le lien qui unit les textes 2 et 3 à celui de La Fontaine et vous vous interrogerez sur l'intention de leurs auteurs respectifs.


TRAVAIL D'ECRITURE (14 points) :

1) COMMENTAIRE COMPARE :  

Vous ferez des fables 1 et 2 un commentaire comparé, en suivant le parcours de lecture suivant : la caractérisation partiellement différente des personnages, les deux morales différentes, l'humour dans la conduite du récit.

 

2) DISSERTATION :

"Une morale nue apporte de l'ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui."

(Début de la fable Le pâtre et le lion, Livre VI).  

Comment comprenez-vous cette définition de l'apologue ? Vous illustrerez votre réponse par des exemples empruntés au corpus et à votre culture littéraire.

3) INVENTION :  

En imitant la méthode de Jean Anouilh,  faites  subir à « La Cigale et la Fourmi » une réécriture qui en inverse le sens.

Consignes de rédaction :

1)      Vous n’êtes pas obligé de rester aussi fidèle que Jean Anouilh au détail de l’histoire racontée par La Fontaine : vous êtes libre de changer l’histoire à condition que l’allusion à la fable de La Fontaine reste visible pour le lecteur.

2)      Vous proposerez une morale opposée à celle de La Fontaine, c’est à dire qui valorise la Cigale au détriment de la Fourmi.

3)      Vous placerez dans la bouche de la cigale (ou d’un autre personnage) une courte réfutation de la morale proposée par La Fontaine.

4)      Vous pouvez rédiger votre fable en prose ou en vers.

   

DOCUMENT 1 – LA FONTAINE : Le chêne et le roseau.

  

  

 

 

 

 
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LE CHENE ET LE ROSEAU

 

    Le Chêne un jour dit au Roseau :
   
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du Soleil,
    
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
   
Dont je couvre le voisinage,
   
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
   
Je vous défendrais de l'orage;
   
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel; mais quittez ce souci.
   
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
   
Contre leurs coups épouvantables
   
Résisté sans courber le dos;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots
Du bout de l'horizon accourt avec furie
   
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusques-là dans ses flancs.
   
L'Arbre tient bon; le Roseau plie.
   
Le vent redouble ses efforts,
   
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts. 

Jean de La Fontaine, Fables, II,10 (1668).

 

DOCUMENT 2 – JEAN ANOUILH : Le chêne et le roseau

 

 

 

 



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LE CHENE ET LE ROSEAU

 

Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop
Le pli de l'humaine nature ? »
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »
Le vent se lève sur ces mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé
- Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant.)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ? »
On sentait dans sa voix sa haine
Satisfaite. Son morne regard allumé.
Le géant, qui souffrait, blessé,
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : « Je suis encore un chêne ». 

Jean Anouilh, Fables (1962).

  

 

DOCUMENT 3 – GILLES LIMPALAER : Publicité parue dans Le Monde du Mercredi 26 mai 1993.

 

Publicité 

  LE CHÊNE
 
ET LE
RÉSEAU

 

Au royaume des réseaux
Des terminaux et des micros,
Un chêne, à 47 ans, se retrouva
Le bec dans l'eau. 

Ne désespérons pas
Se, dit-il aussitôt.
L'architecture des bases de données de l'entreprise
Est l'un de mes domaines d'expertise;
Je sais les secrets pour intégrer progiciels et spécifique;
De la mise en oeuvre d'ateliers logiciels j'ai aussi la pratique.
D'un service Méthodes Informatiques responsable j'ai été,
Puis à la direction d' un département Études je fus nommé.
Au sein de multinationales et d'un groupe du tertiaire
S'est déroulée ma carrière,
Et toujours la qualité fut mon maître mot.
Mon expérience des systèmes d'information
Ma passion et mon sens de la gestion
En France ou en Navarre trou\ trouveront un écho. 

Dans Le Monde il prit une pleine page
Et c'est alors que sans ambages
Directeurs Informatique, et Directeurs Généraux
Composèrent son numéro. 

Rien ne sert d'attendre
En main il faut se prendre.

                                                                                 Gilles Limpalaer

                                                                                          43-65-82-54

 

ANNEXE - LA FONTAINE : La cigale et la fourmi

 





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La cigale , ayant chanté
                Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau  
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
«Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût , foi d'animal,
Intérêt et principal
La fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
«Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
        - Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien : dansez maintenant.»