I - PRÉAMBULE :
LES LANGUES ANCIENNES AU LYCÉE
1 - Finalités
L'enseignement
des langues anciennes au lycée répond à deux objectifs :
- contribuer, en
liaison avec l'enseignement du français et des sciences humaines, à la
formation de l'individu et du citoyen par l'accès, pour le plus grand nombre d'élèves,
à l'héritage linguistique et culturel gréco-romain ;
- favoriser la
formation de spécialistes des disciplines littéraires et de sciences humaines.
Avec l'ensemble
des disciplines des sciences humaines, les langues anciennes permettent de
comprendre l'importance du monde gréco-romain dans notre culture politique,
historique, morale, littéraire et artistique. Elles permettent par ailleurs de
prendre conscience du fonctionnement des systèmes linguistiques et renforcent
l'apprentissage raisonné du lexique en langue maternelle. Elles contribuent
enfin à l'acquisition de compétences intellectuelles grâce à la diversité
des exercices qui structurent leur enseignement.
La lecture et
l'interprétation des textes grecs et latins, dans le prolongement du collège,
doivent permettre aux lycéens, en développant leurs compétences de lecteur :
- de se situer
dans l'histoire et de comprendre les événements et idées d'aujourd'hui ;
- de mieux
comprendre et mieux maîtriser, en l'enrichissant, leur langue maternelle par l'étymologie
et par la traduction, comme par la comparaison avec les autres langues, romanes
en particulier ;
- de mieux maîtriser
les formes de discours ;
- de former leur
capacité à argumenter et à délibérer par l'approche des modes de pensée
antiques politiques, religieux et philosophiques ;
- de développer
leur capacité d'imaginer par la connaissance des mythes et des représentations
de l'Antiquité.
L'enseignement
des langues anciennes contribue ainsi pleinement à la formation de la
personnalité du lycéen comme individu et comme citoyen conscient, autonome et
responsable. Il est donc en relation d'abord avec l'enseignement du français,
mais aussi de l'histoire et de l'éducation civique, juridique et sociale, de la
philosophie ; il renforce les compétences développées dans l'apprentissage
des langues étrangères.
2 - Textes, genres
et références historiques et culturelles
La lecture et la
traduction d'extraits authentiques des œuvres majeures de la littérature
latine et grecque contribuent à la constitution d'une culture commune. La
lecture et l'étude de textes en traduction française visent à mettre en
perspective des extraits étudiés dans une œuvre complète ou dans un
groupement de textes.
La lecture et la
traduction se construisent à partir des compétences et des savoirs acquis au
collège, en langues anciennes et en français. Les élèves prennent
progressivement conscience de la manière dont les genres, les œuvres, les
problématiques s'inscrivent dans l'histoire romaine et grecque. A partir de la
lecture des textes est ainsi fixée une chronologie sommaire de cette histoire
dans ses aspects politiques, religieux, sociaux, littéraires et philosophiques.
Les textes et
les références culturelles, les monuments et les sites étudiés appartiennent
à la période qui s'étend, pour le latin, de la République à la fin de
l'Empire, pour le grec, d'Homère à Plutarque. Dans ce cadre, le professeur
peut faire parfois appel à des textes d'autres époques. Mais il ne charge pas
son enseignement de notions de civilisation ou de langue étrangères au
programme.
NB : Les
jalons historiques à mémoriser seront spécifiés dans les documents
d'accompagnement.
3 - Apprentissages
et progression
L'étude des
genres et des références culturelles part des acquis du collège. En latin,
cette étude prend appui sur les connaissances historiques, sociales et
politiques mémorisées concernant Rome, de ses origines à l'apogée de
l'Empire de Trajan et Hadrien ; elle réactualise les éléments de la langue mémorisés
ou identifiés : lexique (800 à 1000 mots mémorisés), morphologie et syntaxe
retenus en fonction des thèmes et textes étudiés jusqu'en 3ème. En grec,
cette étude prend appui sur les connaissances des mythes fondateurs d'Athènes
et les représentations de la démocratie athénienne abordés en 3ème ; elle
consolide les éléments de morphologie, de syntaxe et de lexique mémorisés en
3ème.
3.1 Lecture
Au lycée, la
lecture des textes reste au centre de l'apprentissage, complétée par l'étude
de l'image, de sites, et par la visite des musées. La compétence de lecture a
été progressivement construite au collège par des recherches sur un texte
accompagné d'une traduction, des exercices de traduction orale cursive, de
traduction écrite de brefs passages, des exercices structuraux, des exercices
de résumé en français, des usages variés de traductions. Au lycée, la
pratique de la traduction devient plus systématique pour tendre, en fin de
formation, vers l'exercice traditionnel de la version écrite.
Ces deux activités,
lecture et traduction, sont fondées sur l'approche des genres, des problématiques
et des textes porteurs de références, replacés dans l'histoire politique,
institutionnelle et culturelle, romaine et grecque. Cette approche s'harmonise
avec les objectifs du cours de français.
3.2 Langue
Fondé sur des
textes littéraires, l'apprentissage de la langue vise à l'acquisition d'un
lexique, à l'étude de la syntaxe et des effets stylistiques et poétiques,
condition nécessaire à la compréhension du texte et au travail du
commentaire.
L'apprentissage
du vocabulaire et celui de la grammaire sont conduits en relation avec la
lecture des textes. Ces faits de langue sont découverts et reconnus dans les
textes. Ils font aussi l'objet d'une présentation méthodique et systématique
qui permet une comparaison fructueuse avec la langue française. Cette
comparaison se fait également, sous une autre forme, dans la traduction.
L'apprentissage
du vocabulaire, toujours en contexte, et sa mémorisation sont organisés autour
des mots-outils et des champs lexicaux les plus fréquents dans les textes étudiés.
En latin, les élèves disposeront en fin de lycée d'un bagage de 2000 à 2200
mots choisis en fonction de leur fréquence dans les textes étudiés et de leur
productivité en français ; en grec, d'un bagage de 1000 à 1200 mots. Connaître
ce vocabulaire en fin de formation implique de la part des élèves un effort spécifique,
régulier et soutenu, et de la part du professeur l'organisation de moments
d'apprentissage.
NB : Les
listes de référence indiquées pour le collège seront rappelées dans les
documents d'accompagnement.
En lisant, en
traduisant eux-mêmes et en confrontant un texte ancien à une traduction française,
les élèves s'interrogent sur la syntaxe et la morphologie latines et grecques
en même temps que sur celles du français contemporain. Ils affermissent ainsi
leur maîtrise de la langue française.
Le programme
indique les éléments à acquérir dans l'année mais le professeur construit
sa propre progression. Si les textes à lire présentent du vocabulaire, des
formes et des tournures syntaxiques que les élèves n'ont pas encore rencontrés,
ce n'est pas un obstacle à la lecture : le professeur donne la solution ; mais
il veille à ce que chaque texte proposé ne comporte que quelques points étrangers
aux acquis et aux apprentissages en cours.
En fin de
terminale, les élèves sont en mesure de lire et traduire, oralement et par écrit,
un texte appartenant à la littérature antique, ainsi que de le commenter ;
dans le commentaire, ils sont aptes à mettre en relation une problématique du
texte latin ou grec avec l'une ou l'autre des problématiques abordées dans les
cours de français, d'histoire ou d'éducation civique, juridique et sociale.
4 - Activités écrites
et orales
Quelles que
soient les modalités de lecture et de traduction retenues, on se souvient que
l'intérêt de l'élève ne peut être maintenu s'il se borne à lire trois
lignes d'un texte par séance.
Les pratiques de
lecture incluent des exercices variés, oraux et écrits, dont la mémorisation
de textes authentiques. Elles procèdent selon les modalités suivantes :
Le groupement
de textes
Le professeur
choisit des extraits autour d'une problématique et / ou d'une thématique ; les
extraits choisis sont suffisamment représentatifs pour donner aux élèves une
idée de l'œuvre dont ils sont issus. Selon la difficulté des textes retenus,
les élèves lisent de larges extraits (au moins une page d'une édition
universitaire), ou des extraits courts (d'une dizaine de lignes ou de vers) que
le professeur resitue dans une traduction plus large donnée en français.
La lecture
suivie d'une œuvre
Les élèves
lisent soit une dizaine de pages formant un ensemble (une scène de théâtre,
une séquence narrative complète, une partie cohérente dans un discours), soit
une suite d'extraits appartenant à la même œuvre.
Le
commentaire
La compréhension
du contexte de production et des valeurs portées par les textes latins et grecs
est une des visées du commentaire. L'autre visée, tout aussi importante, est
de faire accéder les élèves à la saisie intellectuelle et esthétique de ces
textes pour nourrir leur réflexion d'aujourd'hui.
Les ressources
de l'audiovisuel et de l'informatique (traitement de texte et documents multimédia)
sont mises à profit chaque fois que possible.
Le programme définit
la progression générale du lycée (textes, genres, problématiques). Il laisse
au professeur la liberté d'organiser précisément son projet pédagogique
annuel pour chaque classe.
II - LATIN
1 - Textes, genres
et références historiques et culturelles
Le professeur
organise son projet pédagogique annuel autour des entrées suivantes :
1.1 Un grand
historien : Tite Live
(vivier
d'extraits pour une lecture suivie : Trasimène et Cannes, Scipion, histoire de
Sophonisbe, Syphax, scandale des Bacchanales, discours de Fabius à Paul Emile
...).
1.2 Sciences
et philosophie
- le naturel et
le surnaturel
- observations
du monde, interrogations scientifiques et philosophiques
(vivier
d'auteurs pour deux groupements de textes : Lucrèce, Pline l'Ancien, Cicéron,
Sénèque, Pline le Jeune).
1.3
Expression de soi et choix de vie
- lettres en
prose, épîtres en vers
- poésie élégiaque
et confessions
(vivier
d'auteurs pour une lecture suivie et un groupement de textes : Cicéron, Pline
le Jeune, Horace, Ovide, Tibulle, Saint Augustin).
Le projet pédagogique
répartit les séquences, au nombre de cinq par exemple, de manière équilibrée
sur l'année.
Les lectures de
textes sont l'occasion de faire connaître aux élèves, en utilisant les
ressources documentaires les plus variées, la cité de Rome, le site de
Carthage, et différents lieux permettant d'illustrer les termes domus
/ villa.
2 - Langue
2.1 Lexique
Au fil des
lectures, l'élève mémorise un lexique de 300 mots. Le professeur veille à réactualiser
la mémorisation du lexique appris au collège et en classe de seconde.
2.2
Morpho-syntaxe
En fin d'année,
les élèves connaissent la morphologie nominale et verbale. Ils ont rencontré,
étudié et mémorisé en partie la plupart des éléments syntaxiques ; la
lecture des textes est l'occasion de s'arrêter sur les éléments principaux
pour les mémoriser de façon définitive, en particulier sur l'expression des
différentes circonstances :
- but (finale,
relative au subjonctif, gérondif)
- cause
(causale, relative au subjonctif, ablatif absolu)
- temps
(temporelle, ablatif absolu)
- hypothèse
(système conditionnel et ses nuances)
- conséquence (écart
par rapport à la concordance des temps)
3 - Activités écrites
et orales
On continue
d'habituer l'élève, à partir d'une traduction individuelle, à traduire en
une langue française contemporaine qui tient compte des visées esthétiques du
texte latin. L'élève affine sa traduction de textes dont l'ampleur et la variété
se modifient de la première à la terminale.
III - GREC ANCIEN
1 - Textes, genres
et références historiques et culturelles
Le professeur
organise son projet pédagogique annuel autour des entrées suivantes :
1.1 Un grand
poète : Homère
(vivier
d'extraits de l'Odyssée pour une lecture suivie : à préciser)
1.2
Conceptions de l'histoire : l'enquête, l'histoire encomiastique, l'histoire
morale, l'analyse
(vivier
d'auteurs pour un groupement de textes : Hérodote, Xénophon, Plutarque.
Lecture de
larges extraits en français, complétée par l'étude de courts extraits en
grec de l'œuvre de Thucydide (par exemple, méthode de l'historien, livre I, la
peste d'Athènes, livre II, conjuration des Quatre Cents, livre VIII...).
1.3 L'éloquence
judiciaire et épidictique
- l'éloquence
judiciaire
- l'éloquence
épidictique : l'oraison funèbre, le panégyrique
(vivier
d'auteurs pour deux groupements de textes ou pour un groupement de textes et une
lecture suivie : Andocide, Lysias, Lycurgue, Isocrate ...)
Le projet pédagogique
répartit les séquences, au nombre de quatre par exemple, de manière équilibrée
sur l'année.
Les lectures de
textes sont l'occasion de faire connaître aux élèves, en utilisant les
ressources documentaires les plus variées, l'art minoen et mycénien et les
lieux du discours à Athènes (aréopage, héliée, boulè, ecclesia).
2 - Langue
2.1 Lexique
Au fil des
lectures, l'élève mémorise un lexique de 300 mots dont les verbes irréguliers
qu'il rencontre fréquemment. Le professeur veille à réactualiser la mémorisation
du lexique appris au collège et en classe de seconde.
2.2
Morpho-syntaxe
En fin d'année,
l'élève connaît :
- la morphologie
verbale ; les particularités de la langue d'Homère sont l'occasion de mémoriser
la conjugaison des verbes contractes ; le système de la conjugaison des verbes
en - mi
est mémorisé
;
- la morphologie
nominale des trois déclinaisons et celle des pronoms-adjectifs ;
- les
propositions subordonnées ;
- les emplois de | É | , en particulier dans la proposition infinitive et la proposition participiale. |
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