SYNTHESE DE DOCUMENTS SUR LA STRUCTURE DE BEL-AMI

DOSSIER CRITIQUE

METHODE DE L'EXPOSE : Lire les 4 documents suivants qui concernent tous la structure de Bel-Ami et en faire une synthèse personnelle ordonnée, la plus claire possible, pour la transmettre à la classe. Exposé oral de 10 minutes environ. Exposé oral signifie qu'on n'a pas le droit de lire, qu'il faut se contenter de jeter un coup d'oeil de temps en temps sur une fiche de notes conçue comme un simple aide-mémoire.

 

DOCUMENT 1 : LAURENCE PERFEZOU (L'œuvre au clair, Bordas)

Structure du roman.

Le roman est traversé par l'évidence d'une réussite, d'une promotion : le cheminement du héros est un cheminement vers une apothéose. Le personnage ouvert à toutes les aventures qui marque le début du roman est comme sacré roi dans les dernières lignes.

Cette obsession du récit est exprimée par la manière dont le récit représente l'espace, le temps, et articule les différents épisodes.

1) L'organisation du temps

Le roman n'est pas traversé par une chronologie précise. Les indices temporels sont plus directement symboliques :

> l'impatience de réussir, le désir de vivre qui habitent Georges Duroy sont accentués par la saison d'été sur laquelle s'ouvre le récit. C'était une de ces soirées d'été où l'air manque dans Paris.

À Forestier, souffrant de cette chaleur et déjà marqué par la maladie, s'oppose un Georges Duroy pour qui l'été est dans la continuation du passé semi-prestigieux de l'Algérie, et dont la chaleur inspire une soif ardente métaphore* de son ambition et de son désir de jouissance ;

> le duel, la confrontation avec la mort appartiennent à la saison hivernale ;

> le mariage final se déroule par un clair jour d'automne, marqué par la profusion de la lumière et du soleil: il est désigné ainsi comme une pause dans un parcours du héros irrésistiblement ascensionnel.

2) L'organisation de l'espace

La succession des lieux habités par Bel-Ami est signifiante : là aussi, la progression est claire, à l'image de sa promotion sociale :

> premier lieu : la chambre misérable de la rue Boursault, dans le quartier populaire des Batignolles;

> deuxième lieu la chambre de la rue de Constantinople

> troisième lieu : l'appartement de Madeleine.

Aucun de ces lieux n'appartient en propre à Georges Duroy à l'exception du premier; ce sont des espaces qu'il parasite, qu'il occupe opportunément. Les lieux sont décrits dans le roman tant pour signifier des atmosphères que pour indiquer des appartenances sociales précises. Ainsi, le salon de Madeleine Forestier, au confort envoûtant et mystérieux, à l'image de l'influence de sa propriétaire. Ainsi l'appartement et l'hôtel des Walter dont la succession des pièces, et les tableaux, signent la fortune.

3) La distribution des épisodes dans le roman

> Les initiations fondamentales

Les quatre premiers chapitres sont consacrés à l'évocation de quelques journées seulement : rencontre avec Forestier, dîner chez Forestier, rédaction du premier article et première impression. Il s'agit là de temps forts, des initiations essentielles, des premières occasions de promotion sociale. Elles influencent durablement le héros et leur organisation dans le récit en rend compte.

> La vie dans sa linéarité et les dernières épreuves

Les deux chapitres suivants sont plus diffus : le temps qui s'y écoule est plus long, plus souplement distribué dans le texte. En revanche les deux derniers chapitres de la première partie, le duel et la mort de Forestier, correspondent à des unités temporelles plus réduites, à des épreuves intensément vécues par Duroy.

Dans cette succession d'épisodes, le diner chez les Walter est le lieu qui consacre la réussite relative de Duroy.

> L'irrésistible promotion

Dans la seconde partie, les épisodes sont enchaînés avec plus de mobilité. Les temps forts y disparaissent au profit d'une structure en spirale : mariage avec Madeleine, diners chez les Forestier, séduction de Mme Walter et visite à leur nouvel hôtel, accumulation de rencontres et de personnages que du Roy domine en les rendant spectateurs de son mariage.

La foule massée à la Madeleine amplifie la théâtralité de l'événement matrimonial, fait écho aux "passants " anonymes du début du roman que Duroy défiait. L'espace ouvert sur lequel s'achève le roman, la Madeleine ouverte, le Palais-Bourbon dans la perspective du portique, poursuit le mouvement en spirale qui anime toute la seconde partie du texte.

L'influence du conte

Jusqu'à Pierre et Jean, moment où il choisit d'exposer à ses contemporains ce qu'il pense en la matière, Maupassant se débat dans des difficultés d'écriture. Que sont, en effet, Une vie, Bel-Ami et même, bien qu'à des degrés moindres, Mont-Oriol? Des textes où se reconnaît la frappe du conte, soit qu'on en puisse détacher des fragments dont la publication discontinue soutient, à distance, le travail de rédaction du roman, soit qu'au contraire, mais simultanément, ils s'incorporent des nouvelles déjà écrites. ( ... ) Il suffit de noter que la pratique du roman s'informe encore, tant bien que mal, au modèle du récit court.

P. Bonnefis, Comme Maupassant, Éd. P.U.L., 1981.

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